François Hollande sonne la mobilisation pour relancer l'apprentissage, "voie d'excellence" en repli notable, en réunissant vendredi partenaires sociaux et régions afin de lever "tous les obstacles" à son développement.
Une cinquantaine de représentants des organisations syndicales et patronales, des Régions et des chambres de commerce sont invités toute la journée à l'Hôtel de Marigny, près de l'Elysée.
"Nous nous retrouverons à la fin de la semaine (...) pour cette relance de l’apprentissage. Et si certains blocages freinent la réussite de notre politique d’apprentissage, nous les lèverons !", a promis mardi le Premier ministre, Manuel Valls.
Réunis le matin autour de trois ministres, François Rebsamen (Travail), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Marylise Lebranchu (Fonction publique), ils seront rejoints l'après-midi par le chef de l'Etat qui clôturera cette "journée de mobilisation".
Cette rencontre annoncée par François Hollande lors de la Conférence sociale de juillet, vise à stopper le recul d'apprentis: 415.000 recensés en métropole en 2013, 3% de moins qu'en 2012.
Loin de l'objectif du gouvernement de 500.000 apprentis en 2017. Et trois fois moins qu'en Allemagne, qui fait figure de référence en matière d'apprentissage.
Les entrées dans le dispositif, réputé offrir une bonne insertion dans l'emploi mais qui souffre d'un fort déficit d'image en France, ont dégringolé de 8% l'année dernière.
Et les sondages n'incitent guère à l'optimisme: à la mi-juin, seuls 12% des chefs d'entreprises envisageaient d'avoir davantage recours à des personnes en alternance.
Au début de l'été, le chef de l'Etat avait qualifié l'apprentissage de "voie d'excellence" mais constaté des "blocages" dus notamment à une "règlementation trop instable" et des "charges trop lourdes".
François Hollande avait aussi regretté les "chiffres dérisoires" d'apprentis dans la fonction publique, 700 apprentis par an, fixant la cible à 10.000 pour la rentrée 2016.
Alors que le chômage atteint des records (plus de 3,4 millions de demandeurs d'emploi), avec un taux particulièrement lourd chez les jeunes (22,8%), Manuel Valls avait lui pointé du doigt "un problème culturel, un problème français".
- "Opération de communication" ? -
Le gouvernement a donc décidé de mettre la main à la poche. L'Assemblée a voté cet été le déblocage de 150 millions d'euros pour financer une aide de 1.000 euros dans les entreprises de moins de 50 salariés embauchant pour la première fois un apprenti, dans les secteurs ayant conclu un accord sur le sujet dans le cadre du pacte de responsabilité.
Le patron du Medef, Pierre Gattaz, s'était félicité de cette décision, mais l'avait jugeant insuffisante. L'organisation patronale impute la désaffection pour l'apprentissage à des "erreurs du gouvernement" (suppression de l'aide à l'embauche d'un alternant supplémentaire, réduction du crédit d'impôt apprentissage...).
Le Medef devrait donc demander davantage vendredi. Il plaide notamment pour l'instauration d'un dispositif "zéro charge". Les employeurs d'apprentis sont déjà exonérés de la plupart des cotisations patronales, excepté la cotisation "accidents du travail et maladie professionnelle".
L'UPA (artisans) déplore que la nouvelle prime de 1.000 euros "ne réponde pas à la demande de toutes les entreprises" et craint "d'assister à une simple opération de communication" vendredi.
Côté syndical, la CFDT prévient aussi qu'elle ne se contentera pas d'un "message général" et attend des "dispositions concrètes". "Il faut lever les freins non financiers", insiste Yvan Ricordeau, secrétaire national: la centrale défendra l'instauration d'une banque de données unique des offres, l'amélioration de l'orientation et de la médiation entre jeunes et entreprises pour limiter "les ruptures de contrat".
Pour le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, qui sera présent vendredi comme ses homologues de la CFDT, Laurent Berger, et de FO, Jean-Claude Mailly, "l'heure est à la révision des conditions faites aux jeunes pour accéder à l'apprentissage".
"On demande à ce que le statut de l'apprenti puisse être revalorisé, pour faire envie", a-t-il expliqué à l'AFP, estimant que "40% arrêtent en cours de formation". Selon lui, "s'il n'y a pas suffisamment d’apprentis, c'est que les entreprises n'ouvrent pas assez de postes". "Le Medef doit lâcher la bride sur le financement de la formation professionnelle et l'apprentissage", dit-il.