Le Fonds monétaire international (FMI) s'est inquiété mardi de voir les économies occidentales à la traîne par rapport au reste du monde, particulièrement l'Europe qui menace toujours selon lui de faire rechuter la croissance de la planète.
Dans son rapport semestriel sur l'économie mondiale, le FMI a relevé sa prévision de croissance pour 2012, à 3,5% contre 3,3% en janvier. Cela resterait moins qu'en 2011 (3,9%).
Le Fonds se montre un peu plus optimiste qu'en janvier pour les Etats-Unis (2,1% de croissance cette année), la zone euro (-0,3%), y compris l'Allemagne (0,6%) et la France (0,5%), et le Japon (2,0%).
En 2012, "la reprise restera anémique dans les grandes économies avancées", a-t-il constaté. Elle n'atteindrait que 1,4%, contre 5,7% dans les économies émergentes et en développement comme la Chine (8,2%), l'Inde (6,9%) ou le Brésil (3,0%).
Le début d'année a été peu encourageant, les effets de la crise de la dette en Europe se faisant ressentir le plus douloureusement à ce moment-là sur l'activité économique, à la fois sur le continent et ailleurs. Mais à en croire le FMI, "la croissance réelle du PIB devrait remonter progressivement au cours de 2012 et 2013 à partir du creux atteint lors du premier trimestre 2012".
Cette prévision part de l'hypothèse d'une amélioration continue des problèmes de la zone euro et de prix du pétrole relativement stables, aux alentours de 110 dollars le baril.
En effet, "les deux risques les plus immédiats sont une nouvelle aggravation de la crise de la zone euro et une incertitude géopolitique accrue, qui pourrait provoquer une augmentation brutale du prix du pétrole", a prévenu le FMI.
Dans le pire des cas, l'un pourrait coûter 2 points à la croissance mondiale, l'autre 1,25 point.
Dans le cas le plus probable, "nous prévoyons que la croissance restera faible, en particulier en Europe, et que le chômage restera élevé pendant un certain temps", a expliqué l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard.
En Europe, le problème vient principalement des pressions sur les banques. D'après les calculs du Fonds, celles de la zone euro vont réduire leurs bilans de "2.600 milliards de dollars dans les deux années à venir", et donc être incapables de prêter assez pour alimenter une croissance forte.
Aux Etats-Unis, l'absence de mesures contre le déficit budgétaire et le malaise du marché immobilier pèsent, si bien que "la dernière reprise américaine ressemble beaucoup à une reprise européenne moyenne".
Pour le FMI, il est plus que temps que les pays occidentaux prennent les mesures qui doivent remédier à leurs faiblesses.
"Divers problèmes fondamentaux restent irrésolus": la montée de la dette publique (qui devrait atteindre 130% du PIB de l'ensemble du G7 en 2017), la fragilité du système financier européen, l'érosion de la compétitivité des pays de la zone euro les plus en difficulté, la faible progression des revenus des ménages ou encore les rigidités structurelles.
Les priorités sont, selon l'institution de Washington, de "progresser vers des finances publiques plus viables", "renforcer les secteurs financiers" des Etats membres, "maintenir une politique monétaire accommodante" et "traiter la crise de la zone euro".
"La quête doit se tourner vers des réformes qui aident à long terme mais ne dépriment pas la demande à court terme", a écrit M. Blanchard.