La curée se poursuit pour la monnaie unique européenne sur le marché des changes après l'annonce, hier par la BCE, du lancement d'un programme de rachat d'actifs obligataires plus étendu que prévu. L'euro chute encore ce midi de de plus de 1% contre le dollar américain, à 1,1238 dollar. En matinée, il est tombé jusqu'à 1,1220 dollar, du jamais vu depuis le mois de septembre 2003.
La devise perd aussi 1,43% contre le yen à 132,83, près de 1% face au sterling à 0,7497 comme face au franc suisse, à 0,9808 franc l'euro.
Depuis le début de l'année, la baisse de l'euro est de l'ordre de 7 à 9% contre la roupie indienne, le yen japonais, le réal brésilien, le dollar américain et celui de Hong Kong, et le renminbi de Chine continentale.
Faisant référence à Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, RTFX écrit ce matin que Super Mario a finalement annoncé des mesures de quantitative easing (QE) à l'issue de la réunion de la BCE lors de sa conférence de presse hier.
Et les spécialistes de résumer : en bref, 60 milliards de dette (privée, mais aussi publique, ndlr) vont être rachetés à un rythme mensuel, le programme débutera en mars 2015 et devrait prendre fin en septembre 2016, ou bien jusqu'à ce que l'inflation revienne à des niveaux soutenables.
Le directeur de la recherche économique de Natixis, Philippe Waechter, résume la mécanique : la BCE a d'abord abaissé ses taux à un niveau proche de 0, ce qui à été fait à l'automne dernier. L'euro a alors chuté, ce qui était vraisemblablement le but principal de la BCE, avant d'écraser des taux longs déjà des plus faibles.
Puis 'la deuxième étape est de trouver le moyen de maintenir très bas ce taux de change et pendant très longtemps afin que l'économie de la zone euro puisse redémarrer et retrouver une trajectoire plus robuste. L'instrument est la création de liquidités' réalisée par ce QE étendu, indique M. Waechter.
Ainsin, 'la BCE a rejoint le club très fermé des banques centrales amatrices de QE', indique BNP Paribas. En effet, si la BCE menait déjà des rachats d'actifs obligataires (privés uniquement) depuis l'automne dernier, le rythme en était réduit, avec seulement 35 milliards d'euros rachetés depuis lors. A compter de mars, les emprunts d'Etat, un marché bien plus vaste, seront également visés, et la cadence des rachats va très fortement augmenter.
BNP Paribas relève que le montant de 60 milliards d'euros mensuels dépasse les dernières rumeurs publiées (50 milliards d'euros), ce qui devrait premettre, comme promis, de faire passer la taille du bilan de la BCE de 2.200 à environ 3.000 milliards d'euros, en conjuguant ce QE aux opérations de refinancement ciblées à très long terme (TLTRO) qui s'annoncent.
Cependant, les analystes sont plus nuancés sur la responsabilité de ces opérations : en effet, ce sont les banques centrales nationales qui acquerront l'essentiel des emprunts de leurs propres Etats, et seuls 20 % des titres seront sujets à un régime de partage du risque.
Une opinion partagée par l'économiste en chef de Natixis : 'la distribution des risques amène forcément à s'interroger sur l'unité de la politique monétaire. D'où une question : qui sera le prêteur en dernier ressort ? Pas la BCE, puisqu'elle ne prend en charge que 9% des actifs non mutualisés par nature. En cas de défaut d'un Etat, comment sera prise en charge sa dette détenue dans une banque centrale nationale ? Peut on alors définir une telle stratégie comme une politique monétaire unique ? Sûrement pas. Sur ce point, des éclaircissements sont rapidement nécessaires, juge-t-il.
Quid de l'impact de ces mesures sur l'économie réelle ? Pour Aurel BGC, il s'agit certes 'd'un soutien supplémentaire, mais (il n'est) pas suffisant pour (rendre) optimiste.
'Les taux d'intérêt ne sont pas la seule variable dans une décision d'investissement ou d'épargne. Il n'est pas évident que les anticipations d'inflation sur les marchés ou celles des ménages se redressent. L'impact du QE sur l'économie réelle reste incertain', jugent-ils.
Les analystes de la banque canadienne Desjardins sont plus optimistes : les annonces d'aujourd'hui visent à relancer l'économie eurolandaise et à relever l'inflation. L'effet sur les taux obligataires souverains et sur l'euro pourrait toutefois être limité dans les mois à venir. (...) Cela permettra tout de même de consolider les mouvements récents, ce qui est positif pour la suite des choses en zone euro.
Par ailleurs, du côté de l'agenda statistique, on a appris ce matin que l'activité économique de la zone euro avait enregistré sa plus forte croissance depuis cinq mois en janvier, d'après l'estimation flash de l'indice composite Markit de l'activité globale qui se redresse de 51,4 en décembre 2014 à 52,2.
La croissance de l'activité s'accélère ainsi pour le deuxième mois consécutif. Toutefois, ayant chuté à un niveau proche de la stagnation en fin d'année, le taux d'expansion reste modeste et inférieur à la moyenne enregistrée en 2014 (52,7).
Rappelons enfin que ce week-end se tiendront en Grèce des élections législatives anticipées qui pourraient déboucher sur la victoire du parti anti-austérité Syriza.
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La devise perd aussi 1,43% contre le yen à 132,83, près de 1% face au sterling à 0,7497 comme face au franc suisse, à 0,9808 franc l'euro.
Depuis le début de l'année, la baisse de l'euro est de l'ordre de 7 à 9% contre la roupie indienne, le yen japonais, le réal brésilien, le dollar américain et celui de Hong Kong, et le renminbi de Chine continentale.
Faisant référence à Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, RTFX écrit ce matin que Super Mario a finalement annoncé des mesures de quantitative easing (QE) à l'issue de la réunion de la BCE lors de sa conférence de presse hier.
Et les spécialistes de résumer : en bref, 60 milliards de dette (privée, mais aussi publique, ndlr) vont être rachetés à un rythme mensuel, le programme débutera en mars 2015 et devrait prendre fin en septembre 2016, ou bien jusqu'à ce que l'inflation revienne à des niveaux soutenables.
Le directeur de la recherche économique de Natixis, Philippe Waechter, résume la mécanique : la BCE a d'abord abaissé ses taux à un niveau proche de 0, ce qui à été fait à l'automne dernier. L'euro a alors chuté, ce qui était vraisemblablement le but principal de la BCE, avant d'écraser des taux longs déjà des plus faibles.
Puis 'la deuxième étape est de trouver le moyen de maintenir très bas ce taux de change et pendant très longtemps afin que l'économie de la zone euro puisse redémarrer et retrouver une trajectoire plus robuste. L'instrument est la création de liquidités' réalisée par ce QE étendu, indique M. Waechter.
Ainsin, 'la BCE a rejoint le club très fermé des banques centrales amatrices de QE', indique BNP Paribas. En effet, si la BCE menait déjà des rachats d'actifs obligataires (privés uniquement) depuis l'automne dernier, le rythme en était réduit, avec seulement 35 milliards d'euros rachetés depuis lors. A compter de mars, les emprunts d'Etat, un marché bien plus vaste, seront également visés, et la cadence des rachats va très fortement augmenter.
BNP Paribas relève que le montant de 60 milliards d'euros mensuels dépasse les dernières rumeurs publiées (50 milliards d'euros), ce qui devrait premettre, comme promis, de faire passer la taille du bilan de la BCE de 2.200 à environ 3.000 milliards d'euros, en conjuguant ce QE aux opérations de refinancement ciblées à très long terme (TLTRO) qui s'annoncent.
Cependant, les analystes sont plus nuancés sur la responsabilité de ces opérations : en effet, ce sont les banques centrales nationales qui acquerront l'essentiel des emprunts de leurs propres Etats, et seuls 20 % des titres seront sujets à un régime de partage du risque.
Une opinion partagée par l'économiste en chef de Natixis : 'la distribution des risques amène forcément à s'interroger sur l'unité de la politique monétaire. D'où une question : qui sera le prêteur en dernier ressort ? Pas la BCE, puisqu'elle ne prend en charge que 9% des actifs non mutualisés par nature. En cas de défaut d'un Etat, comment sera prise en charge sa dette détenue dans une banque centrale nationale ? Peut on alors définir une telle stratégie comme une politique monétaire unique ? Sûrement pas. Sur ce point, des éclaircissements sont rapidement nécessaires, juge-t-il.
Quid de l'impact de ces mesures sur l'économie réelle ? Pour Aurel BGC, il s'agit certes 'd'un soutien supplémentaire, mais (il n'est) pas suffisant pour (rendre) optimiste.
'Les taux d'intérêt ne sont pas la seule variable dans une décision d'investissement ou d'épargne. Il n'est pas évident que les anticipations d'inflation sur les marchés ou celles des ménages se redressent. L'impact du QE sur l'économie réelle reste incertain', jugent-ils.
Les analystes de la banque canadienne Desjardins sont plus optimistes : les annonces d'aujourd'hui visent à relancer l'économie eurolandaise et à relever l'inflation. L'effet sur les taux obligataires souverains et sur l'euro pourrait toutefois être limité dans les mois à venir. (...) Cela permettra tout de même de consolider les mouvements récents, ce qui est positif pour la suite des choses en zone euro.
Par ailleurs, du côté de l'agenda statistique, on a appris ce matin que l'activité économique de la zone euro avait enregistré sa plus forte croissance depuis cinq mois en janvier, d'après l'estimation flash de l'indice composite Markit de l'activité globale qui se redresse de 51,4 en décembre 2014 à 52,2.
La croissance de l'activité s'accélère ainsi pour le deuxième mois consécutif. Toutefois, ayant chuté à un niveau proche de la stagnation en fin d'année, le taux d'expansion reste modeste et inférieur à la moyenne enregistrée en 2014 (52,7).
Rappelons enfin que ce week-end se tiendront en Grèce des élections législatives anticipées qui pourraient déboucher sur la victoire du parti anti-austérité Syriza.
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