Le Parlement grec a adopté jeudi le plan d'austérité imposé en échange d'une aide internationale massive, mais la crainte d'une contagion à d'autres pays européens inquiétait les marchés, faisant passer l'euro sous 1,26 dollar pour la première fois depuis mars 2009.
"C'est l'avenir de la Grèce qui est en jeu", a affirmé le Premier ministre grec Georges Papandréou, en défendant l'adoption de la cure de rigueur nécessaire pour recevoir 110 milliards d'euros d'aide sur trois ans de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI).
Au lendemain de violences qui ont fait trois morts, de nouvelles manifestations contre le plan d'austérité ponctuées d'incidents ont eu lieu jeudi soir à Athènes.
Après un face à face tendu avec des centaines de jeunes devant le Parlement, les forces antiémeutes ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé la foule. Les contestataires se sont ensuite dispersés, renversant et brûlant des poubelles sur leur passage.
Dans la journée, deux manifestations contre les mesures de rigueur avaient rassemblé dans le calme plus de 10.000 personnes dans le centre de la ville.
Les craintes grandissantes d'une éventuelle contagion de la crise grecque dans la zone euro ont fait chuter les marchés, et même paniqué Wall Street, où l'indice Dow Jones a perdu 3,27% et le Nasdaq 3,43% en clôture.
Au même moment, l'euro décrochait complètement face au dollar, passant sous la barre des 1,26 dollar pour la première fois depuis mars 2009.
"C'est une panique boursière", a constaté Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. "On a peur que si les émeutes s'aggravent vraiment en Grèce le gouvernement recule. Les aides seraient suspendues et le pays en serait réduit à faire défaut", a-t-il expliqué, précisant que la forte dégringolade a coïncidé avec des images des manifestations en Grèce à la télévision.
Les Bourses européennes avaient, elles, terminé en nette baisse : Paris a perdu 2,20%, Londres 1,52%, Madrid 2,93%, Francfort 0,88%. Athènes a en revanche regagné 0,98%.
La Bourse de Milan a elle plongé de 4,26% à la suite de rumeurs sur une possible dégradation de la note de la dette italienne, après que le gouvernement eut revu en hausse sa prévision d'endettement.
L'onde de choc de la crise grecque a été ressentie jusque sur les places financières asiatiques : Tokyo a perdu 3,27% et Shanghai 4,11%, tombant à son plus bas niveau en huit mois.
Les investisseurs n'ont pas semblé rassurés par les déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet qui a écarté tout risque de contagion de la crise grecque.
La BCE a maintenu son principal taux directeur à 1%, son plus bas historique, un niveau jugé "approprié" par M. Trichet.
Plus tôt, l'agence de notation financière Moody's avait porté un nouveau coup à la crédibilité de l'Europe, estimant, quant à elle, que la crise financière grecque représentait un risque important pour les banques de plusieurs pays, dont le Portugal, l'Espagne, l'Italie, l'Irlande et le Royaume-Uni.
Les chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro se retrouveront vendredi en sommet extraordinaire à Bruxelles pour tenter de calmer le jeu et de renforcer la surveillance budgétaire dans la zone euro.
A Washington, la Maison Blanche a souligné que les réformes imposées à la Grèce étaient "importantes", mais que leur mise en place prendrait du temps.
En Pologne, le vice-président de la banque centrale, Witold Kozinski, a déclaré que la crise grecque allait repousser l'entrée de son pays dans la zone euro à une date indéterminée.