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Razzia sur le numéro spécial de Charlie Hebdo

Publié le 14/01/2015 13:42
© Reuters. RAZZIA SUR CHARLIE HEBDO

PARIS (Reuters) - Les marchands de journaux ont été pris d'assaut dès les premières heures mercredi en France par des lecteurs en quête du numéro spécial de Charlie Hebdo, rédigé par les survivants de la rédaction de l'hebdomadaire satirique décimée il y a tout juste une semaine par deux tueurs, Saïd et Chérif Kouachi.

Bien avant 7h00, ce n°1178 était pratiquement épuisé à Paris, où de longues files d'attente étaient visibles devant les kiosques, mais aussi en province, alors qu'environ 700.000 exemplaires avaient été mis en place initialement.

"Rupture de Charlie Hebdo partout ! Alors d'abord merci et rassurez-vous, on va réimprimer et redistribuer", a dit dans un tweet le médecin Patrick Pelloux, un de ses chroniqueurs.

Les MLP (Messageries lyonnaises de presse) avaient programmé la distribution d'un million de Charlie mercredi, de deux autres jeudi et vendredi. Mais selon leur porte-parole, deux millions de plus sont désormais prévus ce week-end et la semaine à venir.

Soit au total un tirage total de cinq millions pour un journal ne tirant habituellement qu'à 60.000, pour une vente de 30.000 à 35.000 exemplaires par semaine.

"Les gens attendaient à l'ouverture du magasin à six heures. J'avais dix exemplaires, ils sont partis tout de suite", a dit à Reuters une libraire du XVIIIe arrondissement de Paris.

"SOLIDAIRE"

Les mêmes scènes se répétaient un peu partout en France, toujours sous le choc des attentats qui ont fait 17 morts, dont 12 au total dans l'attaque contre Charlie Hebdo.

"Je ne l'ai jamais acheté, ce n'est pas vraiment ma couleur politique mais c'est important pour moi de l'acheter aujourd'hui et de soutenir la liberté d'expression", a dit à Reuters David Sullo, devant un kiosque du quartier Strasbourg-Saint-Denis.

Une file de plusieurs dizaines de mètres s'est aussi formée au kiosque de l'Assemblée nationale, qui a limité la vente à un exemplaire par personne. Des resquilleurs ont tenté de revenir mais sans réussir à déjouer la vigilance de la vendeuse.

Des scènes dignes des soldes ont été constatées, comme à Lille, où une foule s'est ruée dans la principale librairie de la ville dès l'ouverture des portes pour s'arracher les exemplaires de Charlie Hebdo.

Le Premier ministre Manuel Valls, dont les services ont pris 50 abonnements, est sorti du conseil des ministres en arborant le numéro sous le bras et François Hollande a dit à son gouvernement qu'il s'était "arraché, dans le bon sens du terme".

Des apprentis spéculateurs le proposent déjà sur le site de vente par internet e-Bay, à des prix allant de quelques euros à des sommes tout à fait fantaisistes.

"C'est dur d'être acheté par des cons", écrit l'auteur d'une de ces petites annonces qui, dans l'esprit de Charlie Hebdo propose ce n°1178 à 999.999,99 euros.

Les recettes qui seront tirées de cette diffusion devraient permettre à Charlie Hebdo, en grande difficulté financière avant les attentats, de continuer à paraître, d'autant plus que les dons affluent, dont un million d'euros d'aide du gouvernement.

Nice Matin a annoncé la publication jeudi d'un numéro spécial de 40 pages consacré à Charlie Hebdo et tiré à 50.000 exemplaires, dont les bénéfices iront à l'hebdomadaire.

"TOUT EST PARDONNÉ"

Les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, ont dit avoir voulu "venger le prophète Mahomet", dont Charlie Hebdo a publié des caricatures.

La première page du n°1178 répond à cette revendication : sur fond vert, couleur de l'islam, le prophète penaud et larme à l'oeil, croqué par Luz, rescapé du massacre, brandit le slogan "Je suis Charlie", devenu un cri d'indignation international.

Il est surmonté par une petite phrase délibérément à double sens dans ce contexte : "Tout est pardonné".

Fidèle à son esprit irrévérencieux, Charlie publie sur 16 pages croquis des dessinateurs assassinés - Charb, Tignous, Wolinski, Cabu -, pour la plupart des charges contre toutes les religions, et articles de contributeurs tués, comme l'économiste Bernard Maris ou la psychanalyste Elsa Cayat.

Charlie Hebdo, dont la rédaction est hébergée par Libération, revient sur la tuerie du 7 janvier, notamment dans un article intitulé : "Terrorisme, des trous dans le filet" pour dénoncer les failles dans la surveillance de ses agresseurs.

Comme à son habitude, le journal présente en dernière page à ses lecteurs les couvertures auxquelles ils ont échappé, dont l'une dit : "Terroriste, un métier de feignant".

Et en page intérieure, il revient en dessins sur les manifestations du week-end sous le titre : "Dimanche 11 janvier 2015, plus de monde pour 'Charlie' que pour la messe".

© Reuters. RAZZIA SUR CHARLIE HEBDO

"Nous allons espérer qu'à partir de ce 7 janvier 2015 la défense ferme de la laïcité va aller de soi pour tout le monde, qu'on va enfin cesser, par posture, par calcul électoral ou par lâcheté, de légitimer ou même de tolérer le communautarisme et le relativisme culturel, qui n'ouvrent la voie qu'à une seule chose : le totalitarisme religieux", écrit dans l'éditorial le rédacteur en chef, Gérard Biard.

(Emmanuel Jarry, avec Ingrid Melander, Emile Picy et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)

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