par Haitham Ahmed et Amina Ismail
LE CAIRE (Reuters) - Le procureur général d'Egypte a demandé à son homologue français de lui remettre les données relatives au séjour, à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, de l'avion d'EgyptAir qui s'est abîmé en Méditerranée, a annoncé lundi son porte-parole.
Les documents requis par Nabil Sadek concernent le sort de l'Airbus (PA:AIR) A320 jusqu'au moment où il est sorti de l'espace aérien français et sont de tous types, qu'ils soient écrits, audios ou vidéos, précise le communiqué.
Le procureur a aussi prié les autorités grecques de lui remettre les transcriptions de conversations entre le pilote de l'Airbus et les responsables du contrôle du trafic aérien en Grèce. Il a aussi demandé d'interroger ces responsables pour savoir si le pilote leur avait envoyé un signal de détresse.
Le vol 804 de la compagnie EgyptAir qui assurait la liaison entre Paris et Le Caire a disparu des écrans radars jeudi matin au-dessus de la Méditerranée alors qu'il entrait dans l'espace aérien égyptien. Il transportait dix membres d'équipage et 56 passagers, dont 30 Egyptiens et 15 Français.
Les responsables égyptiens disent qu'ils n'ont pas reçu de signal de détresse avant la disparition de l'appareil.
Les contrôleurs aériens grecs ont discuté avec le pilote après l'entrée de l'avion dans l'espace aérien grec et rapporté que ce dernier paraissait de bonne humeur. Il les a remerciés en grec. Quand ils ont tenté de le rappeler pour assurer la liaison avec le contrôle aérien égyptien, ils n'ont reçu aucune réponse. L'Airbus a alors disparu des écrans.
Selon les enquêteurs français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), l'avion d'EgyptAir a envoyé une série de messages automatiques signalant la présence de fumées suspectes à bord peu avant sa disparition.
Ces messages n'ont pas permis de déterminer l'origine de ces fumées. Les experts n'excluent ni un sabotage délibéré ni une défaillance technique.
VARIATIONS DE TRAJECTOIRE
Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a déclaré que tous les scénarios étaient envisageables, promis une enquête transparente mais prévenu qu'elle prendrait du temps.
Le ministre grec de la Défense Panos Kammenos a déclaré vendredi que les écrans radars grecs avaient repéré d'importantes variations dans la trajectoire de l'appareil qui a chuté de 37.000 pieds d'altitude à 15.000 (de 11.470 à 4.650 mètres) avant de disparaître des écrans.
Cette description des ultimes instants du vol n'est pas confirmée officiellement par les responsables égyptiens.
Interrogé lundi soir la chaîne locale privée CBC, le directeur des services nationaux de navigation aérienne, Ehab Mohieeldin, a déclaré que les contrôleurs n'avaient pas vu l'avion faire une embardée.
Le directeur de la Compagnie des services de navigation aérienne a précisé que les contrôleurs égyptiens avaient observé, avant sa disparition, l'appareil sur les écrans radar pendant une minute sans pouvoir communiquer avec lui.
Les premiers débris de l'appareil, ainsi que des restes humains, ont été repêchés vendredi à 290 kilomètres environ au nord d'Alexandrie, mais les enregistreurs de vol, les "boîtes noires" de l'appareil sont toujours recherchées.
Si ces enregistreurs sont retrouvés intacts, leur contenu sera examiné en Egypte, a déclaré un enquêteur égyptien, le capitaine Hani Galal, sur CBC. S'ils sont endommagés, ils seront en revanche envoyés à l'étranger.
Les boîtes noires sont censées envoyer chaque seconde un signal sonore pendant trente jours.
Le parquet de la Sûreté de l'Etat se chargera de la partie pénale des investigations et examinera tous les débris et restes humains, a précisé le journal progouvernemental Al Ahram.
Les premiers restes humains récupérés ont été transportés à la morgue Zeinhom du Caire, où des enquêteurs prélèveront mardi, pour les identifier, des échantillons d'ADN des proches des passagers et membres d'équipage.
Une équipe égyptienne désignée par le ministère de l'Aviation civile supervise l'aspect technique des investigations, épaulée par trois membres du BEA français et un expert d'Airbus.
(Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)