par Rodrigo Campos
NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini en forte hausse jeudi dans l'anticipation d'une victoire du "Remain" (maintien) au référendum britannique sur l'Union européenne, un scénario qui écarterait le risque d'une nouvelle crise en Europe et de secousses potentiellement violentes sur les marchés financiers.
L'indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a gagné 230,24 points, soit 1,29%, à 18.011,07 points, se hissant de nouveau au-dessus des 18.000 points et à son meilleur niveau depuis le 27 avril.
Le Standard & Poor's-500, plus large, a pris 27,87 points ou 1,34% à 2.113,32 pour se rapprocher à 0,8% seulement de sa clôture record de mai 2015.
Le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, s'est adjugé de son côté 76,72 points (1,59%) à 4.910,04.
Comme en Europe, la hausse a été générale et menée par le compartiment bancaire, au détriment des valeurs défensives.
Les marchés financiers parient depuis une semaine sur un maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE et leur conviction a encore été renforcée jeudi, jour du vote, par deux sondages donnant le camp du "In" victorieux à respectivement 55% et 52%.
"Les gens s'attendent à ce que le Royaume-Uni vote en faveur du maintien dans l'UE", dit Peter Jankovskis, chez OakBrook Investments à Lisle dans l'Illinois. "Un Brexit aurait eu des répercussions importantes sur le plan financier et il y a donc un rally de soulagement qui concerne avant-tout les valeurs financières."
Wall Street a aussi apprécié les propos rassurants sur l'économie américaine de Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale, lors de ses deux jours d'audition au Congrès mardi et mercredi, propos qu'est venue appuyer la statistique hebdomadaire des inscriptions au chômage qui ont reculé la semaine dernière à leur plus bas niveau depuis près de 43 ans.
Les bureaux de vote ferment à 21h00 GMT au Royaume-Uni - une heure après la clôture de Wall Street - et il faudra probablement attendre plusieurs heures ensuite avant de connaître les résultats définitifs.
Dans la perspective d'une victoire du "In", le sterling a atteint son meilleur niveau de 2016 sur le marché des changes tandis que l'or, valeur refuge, a reculé à un plus bas de deux semaines.
Les emprunts d'Etat ont aussi été délaissés, le rendement du 10 ans remontant à 1,74% contre 1,69% mercredi soir.
En plus des marchés actions, le regain d'appétit pour le risque a bénéficié aux cours du pétrole qui ont fini en hausse de 2% sur le Nymex.
L'indice CBOE de la volatilité, un baromètre de la nervosité des investisseurs, a chuté de 18,5% à 17,25, sa plus forte baisse depuis octobre 2013, revenant sous le seuil de 20 qui correspond à sa moyenne de long terme.
TWILIO BRILLE POUR SES DÉBUTS EN BOURSE
Les dix grands indices sectoriels S&P ont fini en hausse, dont sept avec des gains de plus de 1%.
Le compartiment des financières a bondi de 2,10%, emmené par Citigroup (+4,17%), Goldman Sachs (+3,05%) et JPMorgan (+2,14%).
Goldman Sachs a réalisé la meilleure performance du Dow Jones, où seul Nike (-0,83%) a cédé du terrain.
Le fabricant de puces Micron (NASDAQ:MU) Tech, en hausse de 10,46% dans un volume trois fois supérieur à la moyenne des 10 derniers jours, s'est distingué en tête du S&P après un relèvement de recommandation de Susquehanna.
La journée a aussi été marquée par une rare introduction en Bourse qui a connu un vif succès. Après avoir déjà fixé la veille son prix d'introduction à 15 dollars, au-dessus de la fourchette indicative, Twilio, un éditeur de logiciels de communications, a vu son cours de Bourse flamber de 91,93% à 28,79 dollars pour sa première journée de cotation.
Les investisseurs se préparent à une journée chargée vendredi, avec des volumes qui seront peut-être les plus élevés de l'année.
Aux résultats du référendum sur le Brexit s'ajoutera la révision annuelle de la composition des indices FTSE Russell, annoncée après la clôture mais que les gérants chercheront à anticiper durant la séance.
Le secteur bancaire réagira aussi aux résultats des tests de résistance (stress tests) des banques américaines menés chaque année par la Fed.
(avec Yashaswini Swamynathan à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)