L'assemblée générale des actionnaires de la banque britannique Royal Bank of Scotland (RBS) a approuvé mardi l'attribution d'une méga-rémunération à son patron, grâce au feu vert de l'Etat qui possède plus de 80% du groupe, en dépit de la controverse suscitée par cette affaire.
Comme RBS l'avait annoncé le mois dernier, M. Hester va recevoir jusqu'à 7,7 millions de livres, soit plus de 9 millions d'euros, au titre de l'exercice 2010.
Cette rémunération inclut 1,2 million de livres de salaire, plus une prime annuelle de 2 millions, et une prime de performance d'une valeur potentielle de 4,5 millions de livres, qui sera versée en actions et sous certaines conditions.
Malgré les nombreuses critiques contre cette paye colossale, dont celles du syndicat britannique Unite et de l'influent cabinet de conseil aux actionnaires PIRC, les actionnaires ont donné leur blanc-seing à RBS en approuvant à plus de 99% des voix le rapport de rémunération annuel de la banque, a indiqué cette dernière à l'issue de son assemblée générale annuelle, qui s'est déroulée à son siège d'Edimbourg, en Ecosse.
Cette majorité écrasante s'explique par le feu vert décisif de la holding publique UKFI, qui gère les participations de l'Etat britannique dans le secteur bancaire, dont celles de 83% dans RBS. Comme attendu, UKFI ne s'est pas opposée à ce rapport, et a fait savoir dans un communiqué qu'elle avait approuvé l'ensemble des résolutions soumises aux actionnaires.
Plusieurs actionnaires individuels ont néanmoins profité de la réunion pour critiquer, parfois avec virulence, la paye de M. Hester. L'un d'entre eux a qualifié les primes versées aux dirigeants de la banque "d'obscènes", tandis qu'un autre reprochait aux administrateurs d'être "imbus d'eux-mêmes".
Mais le président de la banque Philip Hampton a défendu la politique de rémunération de l'établissement, insistant sur le fait qu'elle devait rester "compétitive", sans quoi le groupe risquait de perdre ses meilleurs éléments.
Le gouvernement, tout en disant comprendre la "colère" de l'opinion face aux rémunérations excessives de la City, avait renoncé en février à plafonner ou surtaxer les bonus bancaires, en échange d'un engagement des grandes banques à augmenter leurs prêts et à faire preuve de "retenue" en matière de rémunérations. Le Premier ministre David Cameron avait affirmé à l'époque que RBS devait "montrer l'exemple" dans ce domaine.
L'Etat britannique détient toujours plus de 80% du capital de RBS, après avoir dû injecter des dizaines de milliards d'euros dans le groupe bancaire durant la crise financière pour lui éviter la faillite. L'an dernier, la banque a essuyé une perte nette de 1,1 milliard de livres, divisée par trois par rapport à 2009, et s'est dite confiante dans la poursuite de son plan de redressement.