Les Français les plus aisés ont continué à s'enrichir ces dernières années, creusant encore les inégalités avec les plus modestes même si le taux de pauvreté est resté relativement stable, selon une étude de l'Insee publiée jeudi.
Globalement, "entre 1996 et 2008, les inégalités de niveau de vie évoluent peu", note l'Insee dans l'édition 2011 de "Revenus et patrimoines des ménages".
Ainsi, si l'on compare le niveau de vie maximum des 10% de ménages les moins riches (10.520 euros) au niveau de vie minimum des 10% les plus riches (35.550 euros), on constate en 2008 un rapport "relativement stable" (3,4 contre 3,5 en 1996), a expliqué en conférence de presse Jean-Louis Lhéritier, chef du département Ressources et conditions de vie des ménages.
Le "niveau de vie" se calcule en divisant les revenus du ménage par le nombre de personnes qui le composent mais en tenant compte des économies d'échelle induites par la vie en commun (un seul réfrigérateur...) et du fait que les enfants consomment moins que les adultes.
Cette notion permet de comparer des ménages de taille et de composition différentes. Le niveau de vie moyen est de 22.110 euros, le niveau de vie médian de 19.000.
Toutefois, nuance l'Institut de la statistique, ces moyennes "ne rendent pas compte des tendances aux extrémités". Or, avant 2004, les inégalités avaient tendance à se réduire parce que les ménages les plus pauvres voyaient leur niveau de vie se rapprocher des classes intermédiaires.
A l'inverse, à partir de 2004, "on a une tendance à l'augmentation des inégalités par le haut" de l'échelle, selon M. Lhéritier.
Car depuis cette date, "les niveaux de vie des personnes les plus modestes cessent d’augmenter plus rapidement que les niveaux de vie intermédiaires alors que ceux des plus aisées continuent leur progression", note cette étude, qui s'arrête juste avant les premiers effets de la crise financière.
Résultat, le ratio de richesses (en niveau de vie) détenues par les 20% les plus aisés et celle détenue par les 20% les plus modestes a augmenté de 4 à 4,3 entre 1996 et 2008.
Cette progression "est liée à une forte hausse des revenus, en particulier des revenus du patrimoine, qui sont fortement concentrés chez les personnes les plus aisées", note l'étude, qui précise que ces revenus ont augmenté de 11% par an.
Parallèlement, entre 1996 et 2008, le taux de pauvreté monétaire (personnes vivant sous le seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian soit 950 euros mensuels en 2008) est passé de 14,5% de la population à 13% en 2008.
Mais là encore, cette moyenne cache de fortes disparités.
Ainsi, la baisse de la pauvreté est "concentrée de 1997 à 2001, période de forte croissance et de baisse du chômage" avant de rester stable jusqu'en 2008, a noté Jean-Louis Lhéritier.
Malgré la baisse globale, la pauvreté touche autant les chômeurs, qui sont en 2008 comme en 1996 toujours 35% à vivre avec moins de 950 euros par mois. Elle touche davantage les familles monoparentales (26% en 1996, 30% en 2008) et les personnes seules.
Les familles nombreuses sont elles aussi toujours largement touchées par la pauvreté mais beaucoup moins en 2008 qu'en 1996 (27,8% contre 19,7%), essentiellement grâce aux "revalorisations des prestations sociales", selon Magda Tomasini, chef de la division Revenus et patrimoines des ménages.
Les couples, avec ou sans enfant, sont les seuls à avoir bénéficié de la baisse du taux de pauvreté.