L'inflation a atteint son plus haut niveau en plus de trois ans en Chine, mais cet indicateur politiquement sensible devrait refluer au deuxième semestre quand l'impact des mesures gouvernementales commencera enfin à se faire sentir, estimaient mardi des économistes.
Toutefois certains d'entre eux jugeaient que la crise de l'endettement des Etats-Unis et de pays européens risquait de limiter la possibilité pour Pékin de resserrer encore sa politique monétaire pour combattre la hausse des prix.
L'indice des prix à la consommation, préoccupation majeure du gouvernement chinois, a atteint 6,5% en glissement annuel en juillet, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS).
Ce chiffre, qui marque la plus forte hausse depuis juin 2008, est annoncé après une progression de 6,4% en juin et alors que le gouvernement avait un objectif de limitation de la hausse des prix à 4% pour l'année.
Le chiffre de juillet est à même de renforcer les inquiétudes vis-à-vis du risque social et politique que fait courir la forte hausse des prix au gouvernement, préoccupé par l'inflation alors que le fossé entre riches et pauvres se creuse dangereusement en Chine et que la hausse des prix rogne la colossale épargne de la population.
Cet indicateur est susceptible également d'aggraver les inquiétudes des dirigeants chinois face aux risques d'instabilité de la deuxième économie mondiale, à l'heure où un vent de panique balaie les marchés financiers après l'abaissement de la note des Etats-Unis et la crise de la dette dans de grands pays européens.
La hausse des prix alimentaires --qui touche particulièrement les classes les plus modestes, dont le budget nourriture représente plus du tiers du budget total, selon le BNS-- a été forte, à 14,8% en juillet.
Ces derniers mois, des mouvements sociaux d'ampleur ont eu lieu en Chine contre la hausse des prix dans des grandes villes, notamment de milliers de chauffeurs de taxis ou de poids lourds contre la hausse des prix du carburant.
Le Premier ministre Wen Jiabao avait finalement dû annoncer en juin qu'il essaierait de contenir la hausse des prix sous les 5% cette année, les nombreuses mesures prises par son gouvernement pour tenter de juguler l'inflation n'ayant pas encore montré leur plein effet.
La banque centrale a relevé cinq fois depuis octobre les taux d'intérêt et plus de fois encore les réserves obligatoires des banques, limitant l'argent que celles-ci peuvent prêter.
Même si le chiffre du mois dernier n'est pas bon, les analystes estiment majoritairement que l'inflation est proche de son sommet en Chine et devrait refluer au deuxième semestre, lorsque les mesures gouvernementales commenceront enfin à porter leurs fruits.
"L'élément encourageant pour les chiffres d'aujourd'hui est que l'inflation du mois n'est qu'un tout petit peu plus élevée, après le grand bond du mois précédent", a déclaré à l'AFP Brian Jackson, analyste en chef de la Royal Bank of Canada.
L'indice de l'inflation en juin avait bondi à 6,4%, après 5,5% en mai.
"Nous pensons que l'inflation est proche de son pic et va baisser avant la fin de l'année quand (...) l'impact des mesures monétaires se fera sentir", prédit M. Jackson.
Mais certains analystes estimaient que la Chine devrait surseoir à de nouvelles hausses de taux qui risqueraient de ralentir sa croissance, jusqu'à ce que la situation mondiale se stabilise.
"La panique sur les marchés et l'affaiblissement des perspectives américaines vont fortement militer contre un nouveau resserrement" de la politique monétaire chinoise, pour Alistair Thornton, analyste chez IHS Global Insight.
Le BNS a annoncé par ailleurs que la production industrielle avait augmenté de 14% en juillet sur un an, se tassant légèrement par rapport aux 15,7% annoncés pour juin.
Les investissements en capital fixe ont augmenté de 25,4% sur les sept premiers mois de 2011.
Enfin, les ventes de détail, reflet de la consommation, ont de leur côté progressé de 17,2% en juillet sur un an, a ajouté le BNS.