Le Premier ministre britannique a vivement critiqué jeudi à Davos le projet franco-allemand de taxe sur les transactions financières, qualifié de "folie", et fustigé le retard de productivité de l'Union européenne, appelée à faire preuve "d'audace".
Défendre cette taxe est "tout simplement de la folie" au moment où l'Europe cherche à renforcer sa croissance, a lancé David Cameron dans un discours devant un parterre d'hommes d'affaires et de responsables politiques à l'occasion du 42e Forum économique mondial à Davos.
Et il en veut pour preuve les estimations faites par la Commission européenne elle-même, dans le cas, improbable compte tenu de l'opposition britannique, où cette taxe devait un jour entrer en vigueur dans l'Union européenne.
Le ministre français de l'Economie François Baroin a réagi jeudi sur i>Télé en soulignant que "c'est vraiment la logique britannique", relevant que la Grande-Bretagne a mis tous ses "oeufs dans le même panier, qui est celui du développement de l'industrie financière".
"Donc, s'il y a un pays qui arrivera éventuellement en dernier sur une taxe européenne, c'est bien évidemment la Grande-Bretagne", a constaté le ministre de l'Economie, évoquant néanmoins une "entente cordiale" avec Londres.
Selon le Premier ministre britannique, la Commission européenne a estimé à 500.000 le nombre d'emplois perdus, à quelque 200 milliards de dollars la réduction du Produit intérieur brut (PIB) pour l'Union européenne, et jugé que cette taxe pourrait contraindre quelque 90% d'opérateurs sur certains marchés financiers à quitter l'UE.
"On ne peut pas continuer comme cela", a-t-il lancé, appelant les Européens à faire preuve "d'audace" comme la Grande-Bretagne a su le faire.
"En prenant des décisions audacieuses pour en finir avec sa dette, la Grande-Bretagne a démontré qu'il était possible de regagner de la crédibilité auprès des marchés", a assuré M. Cameron.
La situation en Europe est certes "un petit peu meilleure que l'année dernière, mais les choses ne sont pas réglées", a-t-il expliqué. Dans ces conditions, la zone euro doit impérativement prendre des décisions rapides pour sortir de la crise, en allant beaucoup plus loin dans son intégration économique et financière, a-t-il expliqué.
"Je ne suis pas de ces personnes qui pensent que les monnaies uniques ne peuvent jamais marcher. Regardez l'Amérique ou le Royaume-uni. Mais il y a un certain nombre de caractéristiques communes à toutes les unions monétaires réussies", a-t-il expliqué.
Et de citer, une banque centrale commune qui se tienne solidement derrière le système financier et monétaire, "l'intégration économique la plus profonde possible avec la flexibilité nécessaire pour absorber les chocs économiques", mais aussi un "système de transferts budgétaires" et des euro-obligations afin de "faire face aux tensions et déséquilibres entre les différents pays composant l'Union".
Malheureusement, a-t-il assuré, ce n'est pas que la zone euro n'ait pas toutes ces caractéristiques, "c'est qu'elle n'a pas vraiment une seule d'entre elles".
"Je ne prétends pas que ce soit facile. Ce sont des étapes radicales, des mesures difficiles pour chaque pays", a reconnu M. Cameron.
"Sachant combien elles sont nécessaires mais combien elles sont difficiles, la Grande-Bretagne n'a pas rejoint la zone euro", a-t-il expliqué, soulignant toutefois que son pays voulait le "succès" de l'Europe.
"La Grande-Bretagne est membre de l'Union européenne. Pas par défaut mais par choix", a affirmé le Premier ministre britannique. "Que les choses soient claires, nous voulons le succès de l'Europe", pas seulement dans le domaine économique, mais aussi en tant que "force politique", a-t-il encore assuré.