Airbus et six compagnies aériennes européennes se sont associées pour dénoncer la taxe carbone instaurée par l'UE, dans des courriers adressés aux chefs de gouvernement français, allemand, britannique et espagnol, a indiqué dimanche à l'AFP une source proche du dossier.
Airbus et les compagnies British Airways, Virgin Atlantic, Lufthansa, Air France, Air Berlin et Iberia, affirment dans ces missives vouloir "alerter" les dirigeants "sur les conséquences économiques" de cette taxe qui constitue une menace "inadmissible" pour leur secteur d'activité, selon la même source.
L'initiative, révélée en fin de journée dimanche par le Financial Times, s'inscrit dans une polémique relancée par la révélation cette semaine de représailles commerciales chinoises au détriment d'Airbus, selon le groupe EADS, maison mère de l'avionneur européen.
Les équipementiers français Safran et allemand MTU se sont associés à ces interventions auprès du Premier ministre François Fillon, de son homologue britannique David Cameron, de la chancelière allemande Angela Merkel et du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, tous dirigeants des pays fondateurs d'Airbus.
"Nous contestons le caractère unilatéral de cette mesure (ndlr, la taxe européenne) et nous demandons la mise en place d'une discussion générale avec tous les acteurs concernés au sein de l'OACI", l'Organisation de l'aviation civile internationale, a expliqué la source proche du dossier.
Le patron d'EADS, Louis Gallois, a jeté un pavé dans la mare en annonçant jeudi que Pékin refusait d'approuver les commandes de 45 Airbus (10 superjumbos A380 et 35 long-courriers A330) par des compagnies chinoises, en raison de la taxe carbone européenne.
"Nous ne croyons pas qu'une solution uniquement européenne soit appropriée", a-t-il affirmé, plaidant "pour une solution à l'échelle mondiale".
Mais la présidence danoise de l'Union européenne lui a adressé le lendemain une fin de non-recevoir en affirmant que les 27 n'entendaient pas revenir sur cette législation, en dépit des critiques qu'elle essuie hors d'Europe.
Selon le site internet du quotidien économique Les Echos, les commandes d'Airbus gelées par la Chine représenteraient un manque à gagner potentiel de 12 milliards de dollars pour l'avionneur européen.
Dans le courrier adressé en France à M. Fillon, le patron d'Airbus Tom Enders évoque une "menace" sur "plus d'un millier d'emplois au sein de l'entreprise et un millier d'emplois supplémentaires dans la chaîne d'approvisionnement", selon des extraits publiés par LesEchos.fr.
M. Enders et les patrons d'Air France et Safran, Alexandre de Juniac et Jean-Paul Herteman, ajoutent s'attendre "à voir s'allonger la liste des suspensions, annulations et mesures punitives" et réclament une intervention "d'urgence" auprès de Bruxelles.
La taxe carbone européenne, entrée en vigueur sur le papier le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'UE, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.
Une association rassemblant la plupart des compagnies aériennes américaines, Airlines for America (A4A), a demandé vendredi à l'administration américaine de lancer une procédure à l'OACI pour obtenir son annulation.
26 des 36 membres de l'OACI, dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie, contestent la mesure.