La ministre suisse des Finances Eveline Widmer-Schlumpf a affirmé dans un entretien publié vendredi en Allemagne sa volonté de "mettre fin" à l'accueil par les banques de son pays de fonds non déclarés.
"Nous avions par le passé un système juridique qui permettait d'investir de l'argent non taxé chez les banques suisses", a-t-elle reconnu dans cet entretien au quotidien économique Handelsblatt. "La Suisse a décidé de mettre fin à cela", a-t-elle ajouté.
Le pays a notamment signé la semaine dernière un accord de double imposition avec l'Allemagne, durci par rapport à une première version présentée l'an dernier, et censé enterrer un conflit qui empoisonne les relations entres les deux voisins depuis des années.
"Nous reconnaissons bien le droit de l'Allemagne à (prélever) ces impôts", a dit Mme Widmer-Schlumpf à propos des prélèvements auxquels les particuliers allemands tentent d'échapper en plaçant leur argent en Suisse.
L'accord entre Berlin et Berne doit toutefois être avalisé par les parlements des deux pays, et l'opposition allemande menace de le faire capoter au Bundesrat, chambre haute. "Plutôt pas d'accord qu'un accord qui légalise la criminalité passée et permet l'évasion fiscale future", déclare ainsi dans les colonnes du Handelsblatt un député du parti social-démocrate (SPD), Joachim Poss.
"Bien sûr nous réfléchissons à ce qui se passera" dans l'hypothèse où l'accord serait effectivement rejeté par le Bundesrat allemand, a reconnu Mme Widmer-Schlumpf. Mais "nous allons conclure des accords avec d'autres pays dans ce domaine, un possible échec de l'accord avec Allemagne ne change rien à cela", a-t-elle ajouté.
Berne négocie notamment avec Washington, une autre capitale avec laquelle les relations sont tendues à cause de l'évasion fiscale. Actuellement, onze banques suisses sont poursuivies par la justice américaine pour avoir encouragé leurs clients à placer chez elles des fonds non déclarés.
La ministre suisse a indiqué espérer arriver à un accord avec les Etats-Unis avant la fin du mandat en cours du président américain Barack Obama, début 2013.