Le taux de chômage officiel des Etats-Unis est légèrement remonté vendredi, à quatre jours de la présidentielle, mais cette nouvelle n'est mauvaise qu'en apparence.
Comme le pensaient les analystes, le chômage s'est établi à 7,9% en octobre après être tombé en septembre à 7,8%, son niveau le plus faible depuis l'arrivée du président Barack Obama à la Maison Blanche en janvier 2009.
Les chiffres du département du Travail indiquent néanmoins que l'économie américaine a créé 171.000 emplois nets en octobre, 16% de plus qu'en septembre et bien plus que prévu.
De plus, les embauches du secteur privé ont atteint officiellement leur plus haut niveau depuis février, et le ministère a revu en forte hausse ses chiffres pour les des deux mois précédents, ce qui explique a posteriori la forte baisse du chômage de septembre.
L'accès de faiblesse de l'économie au printemps semble désormais effacé. En données brutes, la moyenne mensuelle des créations d'emploi mensuelles depuis le début de l'année apparaît en hausse de 23% par rapport à celle de 2011.
Selon la banque centrale (Fed), il faudrait néanmoins encore 41 mois, au rythme des embauches d'octobre, pour que le taux de chômage revienne à 6,0%, niveau à partir duquel on pourra commencer à parler selon elle d'un retour au plein emploi.
La reprise de l'emploi reste "désespérément lente", a concédé un de ses dirigeants, John Williams, estimant que cela justifiait toutes les mesures de soutien à l'activité prises par la Réserve fédérale.
Le pays comptait officiellement 12,3 millions de chômeurs en octobre, mais aussi 3,5 millions de chômeurs non répertoriés et 8,5 millions de personnes devant se contenter d'un emploi à temps partiel faute de pouvoir trouver un plein-temps.
Vigueur des embauches privées
Notant que le taux de chômage est "plus haut" qu'à l'arrivée de M. Obama, Mitt Romney, le candidat du Parti républicain à la présidentielle du 6 novembre, a vu dans les chiffres du gouvernement le "triste rappel" du fait que l'économie américaine est "quasiment au point mort".
Candidat à sa réélection, le président sortant s'est réjoui de la vigueur des embauches privées, mais a ajouté: "Notre combat continue, il nous faut encore progresser".
En théorie, les embauches annoncées pour octobre auraient dû suffire à empêcher une remontée du chômage, mais celle-ci a résulté d'une hausse du nombre de chômeurs cherchant activement du travail.
C'est une nouvelle encourageante pour l'économie dans la mesure où la baisse du taux de chômage officiel observée depuis trois ans a été provoquée jusque-là essentiellement par l'occultation d'un nombre croissant de chômeurs découragés. Elle corrobore en outre les résultats des dernières enquêtes montrant le moral des ménages à son plus haut niveau depuis la fin de la récession à l'été 2009.
"L'économie est en train de gagner un peu d'élan", estime Sal Guatieri, économiste de BMO Marchés des capitaux, pour qui "la croissance du PIB se renforcera encore au quatrième trimestre (...) en dépit d'un léger coup porté par l'ouragan Sandy".
Pour son confrère Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, "vu l'amélioration des embauches, il vaut la peine d'imaginer ce que serait la croissance de l'économie et de l'emploi sans les incertitudes crées par le mur budgétaire".
Cet expression renvoie au mélange de hausse d'impôts et de fortes baisses des dépenses publiques qui entrera en vigueur à partir de janvier si le Congrès ne fait rien pour l'éviter. Mais c'est une question dont la résolution devra attendre le déroulement de la présidentielle, et sans doute un accord de dernière minute.