Le Congrès américain a adopté mardi soir dans la douleur une loi évitant au pays la cure d'austérité du "mur budgétaire", un texte qui repousse de quelques semaines seulement nombre de dossiers épineux mais qui a fait bondir les bourses mondiales.
Soulagées par cet accord de dernière minute, l'ensemble des Bourses ont commencé l'année 2013 sur les chapeaux de roue. Après un journée sans activité mardi en raison du Nouvel An, Wall Street a démarré dans l'euphorie: le Dow Jones gagnait 1,75% et le Nasdaq 2,54%.
Vers 15H00 (14H00 GMT), Paris s'octroyait 2,15%, évoluant à ses plus hauts niveaux depuis juillet 2011, Londres gagnait 2,35% après avoir franchi pour la première fois - également depuis juillet 2011 - les 6.000 points. A Hong-Kong, les marchés ont clôturé la première séance de l'année sur un bond de 2,89%.
Peu après le vote mardi soir, le président Obama a crié victoire. "L'un des piliers de ma campagne présidentielle était de changer un code des impôts qui était trop favorable aux riches aux dépens de la classe moyenne", a-t-il déclaré.
"Ce soir, nous l'avons fait grâce aux voix des démocrates et des républicains au Congrès", a ajouté M. Obama, 20 minutes à peine après que la Chambre des représentants à majorité républicaine eut emboîté le pas au Sénat dominé par les démocrates et adopté un projet de loi augmentant notamment le taux d'imposition des foyers aux revenus supérieurs à 450.000 dollars par an.
Une partie des républicains a accepté de voter pour ce dispositif, malgré leur rejet de principe de toute hausse de la pression fiscale, car l'alternative aurait été le "mur budgétaire", des hausses d'impôts pour la quasi-totalité des contribuables et des coupes claires dans les dépenses de l'Etat fédéral, en particulier de défense.
Epilogue d'escarmouches répétées et de négociations acharnées à Washington depuis des semaines, la Chambre a donc adopté ce dispositif dans les mêmes termes que le Sénat qui, siégeant une nuit de la Saint-Sylvestre pour la première fois en plus de 40 ans, avait donné son feu vert à ce texte à une écrasante majorité
Mise en garde sur le plafond de la dette
M. Obama, qui avait interrompu ses vacances à Hawaii au lendemain de Noël pour revenir gérer à Washington cette énième crise avec les républicains du Congrès, a repris son avion dans la nuit de mardi à mercredi pour retrouver près d'Honolulu son épouse et ses filles, restées sur place.
Mais avant cela, il a mis en garde ses adversaires contre la tentation de prendre leur revanche budgétaire lors d'autres échéances qui se profilent à l'horizon, comme le nécessaire relèvement du plafond légal de la dette d'ici à la fin du premier trimestre.
"Je négocierai sur beaucoup de choses, mais je ne débattrai pas encore avec le Congrès sur la nécessité d'acquitter les factures induites par les lois déjà adoptées", a-t-il martelé, en rappelant l'épisode de l'été 2011, quand un tel débat s'était envenimé, coûtant aux Etats-Unis une dégradation de la note de leur dette souveraine par Standard and Poor's.
Une fois le texte promulgué par M. Obama, le taux d'imposition passera de 35% à 39,6% pour les foyers aux revenus supérieurs à 450.000 dollars par an. Mais de nombreuses questions restent en suspens avec le report de deux mois de l'échéance de coupes dans les dépenses publiques, et augure donc d'une nouvelle bataille à court terme entre la Maison Blanche et les conservateurs.
Dans l'immédiat, M. Obama, deux mois après sa nette réélection pour quatre nouvelles années à la tête de la première puissance mondiale, a enfin obtenu ce qu'il recherchait: l'expiration, pour les plus riches, des cadeaux fiscaux hérités de l'ère de son prédécesseur républicain George W. Bush.
Mais le président a dû transiger et certains dans le camp démocrate ne cachaient pas leur déception: il avait défendu avec force pendant sa campagne de réélection un seuil à 250.000 dollars plutôt qu'à 450.000.