Le géant japonais de l'électronique Sony a annoncé jeudi des mesures drastiques pour en finir avec des pertes encore massives: cession de la division des PC à un fonds nippon, transformation de l'activité des TV en filiale et suppression de 5.000 emplois d'ici à mars 2015.
Sony va confier au fonds Japan Industrial Partners ses ordinateurs personnels "Vaio", faute de rentabilité, et se retirer ainsi de ce marché sur lequel il était entré il y a près de 20 ans.
"Une nouvelle société va être créée. Elle sera indépendante et gèrera toutes les activités entourant les PC Vaio dont la marque va être conservée", a expliqué le PDG de Sony, Kazuo Hirai, lors d'une conférence de presse.
"Japan Industrial va d'abord se consacrer au marché japonais", a-t-il ajouté, sans être en mesure d'assurer que la marque "Vaio" perdurera ou renaîtra un jour à l'étranger.
Sony avait commencé à proposer des ordinateurs personnels en 1996, enregistrant un pic de ventes de près de 9 millions d'unités par an, mais pour l'année comptable 2013, il ne mise plus que sur 5,80 millions et cette activité est déficitaire.
Sony est le 9e fabricant mondial de PC, une place assez honorable mais sa part de marché ne dépasse pas 1,9% pour la période de janvier à septembre, selon les calculs de l'institut IDC.
Smartphones et tablettes
"Nous allons concentrer nos ressources sur les smartphones et tablettes", a justifié M. Hirai.
Par ailleurs, Sony va transformer en société distincte son activité déficitaire de production et vente de télévisions "pour que l'organisation de cette activité soit plus efficace et dynamique, plus adaptée en taille et structure à l'environnement concurrentiel", a justifié M. Hirai.
Depuis une décennie, et malgré déjà de nombreuses mesures prises pour réduire les coûts, les TV ne génèrent plus de bénéfices et ce même si Sony est plutôt bien placé dans ce domaine.
L'inventeur des tubes cathodiques Trinitron pense désormais que son objectif de faire revenir dans le vert cette activité dès cette année budgétaire ne sera pas atteint "à cause de facteurs inattendus, dont le ralentissement économique dans les pays émergents et les variations des changes".
"Toutefois, les TV sont sur le bon chemin du redressement", a-t-il ajouté, se montrant confiant dans les capacités du groupe à proposer des modèles compétitifs et performants, dans le haut de gamme, notamment des télévisions au standard de très haute définition 4K.
"La TV continue de jouer un rôle vital comme appareil central du divertissement multimédia des foyers", a répété M. Hirai.
"Pour le moment, Sony n'a absolument aucun projet de s'en séparer", a-t-il affirmé, tout en semblant laisser ouverte cette option pour l'avenir.
Tout n'est pas noir: la PS4 se vend bien
Du fait de cette restructuration qui vise à redresser durablement le tronc électronique du groupe, "un devoir", selon M. Hirai, Sony va réduire de l'ordre de 5.000 têtes ses effectifs d'ici à mars 2015, dont 3.500 à l'étranger, sans donner de détails autres sur la répartition des suppressions de postes. Le groupe employait 146.300 personnes à la fin mars 2013.
Sony a en outre prévenu qu'il s'attendait désormais à une lourde perte annuelle de 110 milliards de yens (810 millions d'euros), au lieu d'un bénéfice de 30 milliards, du fait de méventes d'une partie de ses appareils électroniques grand public et surtout de frais de restructuration.
Bien que son chiffre d'affaires des neuf premiers mois de l'exercice 2013-2014 ait grimpé de 16% à 5.901 milliards de yens (44 milliards d'euros) et qu'il ait terminé dans le vert avec un bénéfice net de 11,2 milliards de yens et un résultat d'exploitation en hausse de 70% à 140 milliards de yens, Sony a reconnu être encore en bute à un contexte concurrentiel difficile.
Tout n'est pas noir cependant, tant s'en faut: la nouvelle console de jeu de salon PlayStation 4 (PS4) lancée en novembre dernier à l'étranger s'est déjà écoulée à plus de 4,2 millions d'unités, les smartphones aussi se comportent bien, puisque Sony prévoit d'en vendre 40 millions durant l'exercice, 7 millions de plus que l'année comptable précédente. Quant aux activités de musique et cinéma, elles assurent une base stable de profits, selon le directeur financier.