par Gwénaëlle Barzic et Leila Abboud
PARIS (Reuters) - Vivendi a dégagé un résultat opérationnel meilleur que prévu au troisième trimestre, également marqué par des rentrées d'argent exceptionnelles grâce aux cessions dans les télécoms, mais le groupe de médias est resté peu disert sur l'utilisation qu'il comptait faire de son abondante trésorerie.
Dans un communiqué publié vendredi soir, Vivendi a précisé qu'il comptait boucler la vente de SFR à Numericable le 27 novembre et celle du brésilien GVT au deuxième trimestre 2015, ce qui devrait encore gonfler les caisses du groupe.
Ces cessions, qui s'ajoutent à celles de Maroc Telecom et Activision Blizzard, parachèvent deux années de restructuration qui ont vu le conglomérat se délester de près de 70% de ses activités pour réduire la dette et faire remonter le titre.
Recentré sur la musique avec Universal Music Group et la télévision avec Canal+, Vivendi veut devenir un groupe international de contenus en puisant si besoin dans sa trésorerie regarnie, ce qui donne lieu à pléthore de spéculations sur ses emplettes potentielles.
"Nous allons recevoir beaucoup d'argent dans les semaines à venir et certains banquiers ont des idées sur la façon dont nous pourrions l'utiliser", a expliqué le directeur financier de Vivendi Hervé Philippe lors d'une conférence téléphonique.
Il a réaffirmé que le groupe se montrerait prudent dans sa stratégie d'acquisition et donnerait la priorité à la croissance interne en recherchant des synergies entre ses actifs.
Outre du cash, le groupe dirigé par Vincent Bolloré doit récupérer des participations minoritaires dans plusieurs actifs télécoms, dont le duo SFR-Numericable, Telefonica Brasil et Telecom Italia.
Hervé Philippe a cependant souligné que le groupe n'avait pas vocation à conserver ces participations. "Nous regarderons les opportunités qui se présentent le moment voulu", a-t-il dit.
Vivendi s'est par ailleurs montré peu bavard sur la redistribution d'argent promise aux actionnaires, censés recevoir quelque 5 milliards d'euros entre 2014 et 2015.
UNIVERSAL DOPE LE RÉSULTAT OPÉRATIONNEL AU 3E TRIMESTRE
Un conseil se réunira en début d'année prochaine pour trancher sur la méthode (dividende exceptionnel ou rachat d'actions) et sur le calendrier, a précisé Hervé Philippe.
"Pas de fièvre du vendredi soir. Ni surprise sur l'opérationnel ni d'indication sur l'utilisation du cash", commente Claudio Aspesi, de Bernstein Research, dans une note.
Grâce à la plus-value enregistrée sur la cession de l'opérateur Maroc Telecom ainsi que la vente d'une participation dans le fabricant de casques audio Beats, Vivendi a vu son résultat net part du groupe multiplié par deux pour atteindre 2,75 milliards d'euros à fin septembre.
Conséquence de sa cure d'amaigrissement à marche forcée, les revenus dégagés par Vivendi sur les neuf premiers mois de l'année ont en revanche sensiblement diminué pour être ramenés à 7,2 milliards, à comparer à 20,75 milliards il y a deux ans.
Sur le seul troisième trimestre, Vivendi affiche un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros, en repli de 0,9%, tandis que le résultat opérationnel ajusté a progressé de 5,0% à 310 millions, dépassant nettement le consensus qui ressortait à 151 millions, selon Thomson Reuters I/B/E/S.
"L'Ebita est supérieur de 12% aux attentes. Nous nous attendons à une réaction positive du marché lundi", estime Charles Bedouelle, d'Exane BNP Paribas, dans une note.
Cette performance est principalement à mettre au compte d'Universal Music Group dont les réductions de coûts ont permis de contrebalancer le recul continu des ventes physiques.
Avant la publication des résultats, l'action Vivendi a clôturé en hausse de 0,35% à 19,845 euros, donnant une capitalisation boursière de 26,7 milliards d'euros. Depuis le début de l'année, elle affiche une hausse de 6%.
(Edité par Dominique Rodriguez)