Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, affirme que Berlin n'a pas signé de "chèque en blanc" pour le rachat d'obligations de pays en difficulté par le fonds de secours européen (FESF), dans une lettre destinée à rassurer des parlementaires parfois réticents.
"Le gouvernement allemand ne signe pas de chèque en blanc pour des rachats de grande ampleur sur le marché secondaire de la dette", promet-il aux députés conservateurs et libéraux de la majorité gouvernementale dans ce courrier dont l'AFP a obtenu une copie mercredi.
La semaine dernière, les responsables politiques européens ont autorisé, lors d'un sommet extraordinaire, le FESF à procéder à de tels rachats, un des moyens pour tenter de couper court à la crise de la dette.
Jusqu'ici, seule la Banque centrale européenne était autorisée à racheter des obligations sur le marché dit "secondaire" où les investisseurs s'échangent les titres après leur émission par les Etats.
La BCE doit désormais être déchargée de cette mission, qu'elle n'avait endossée qu'à contre-coeur.
Mais le rachat d'obligations par le FESF (Facilité européenne de stabilité financière), dont Berlin a longtemps refusé d'entendre parler, sera "encadré très étroitement", écrit M. Schäuble.
Les propos du ministre, dont il ressort que l'Allemagne veillera à une mise en oeuvre aussi restreinte que possible des nouveaux outils donnés au fonds de secours européen, ne sont pas passés inaperçus sur les marchés où les taux des pays considérés comme fragiles ont augmenté.
A 09H00 GMT, les taux longs espagnols repassaient la barre des 6% à 6,020% contre 5,935% mardi soir et ceux de l'Italie s'inscrivaient à 5,748% contre 5,716% mardi soir.
Les taux grecs sont également remontés à 14,435% contre 14,334% mardi soir.
"Il s'agit avant tout de propos destinés à l'opinion nationale et dont la portée doit être limitée", tempère toutefois Ciaran O'Hagan, stratégiste obligataire à la Société Générale.
Le courrier de M. Schäuble s'assimile à une opération de service après-vente de l'accord européen auprès de sa propre majorité, certains députés désapprouvant ouvertement les sauvetages successifs de la Grèce.
Le ministre fait valoir que l'accord européen prévoit une "participation substantielle et chiffrée du secteur privé" à l'aide à la Grèce, "ce qui était une condition non négociable posée par l'Allemagne". Les banques et sociétés ayant prêté à Athènes "vont accepter des pertes de 21%" de leur mise pour alléger le fardeau de la dette grecque.
M. Schäuble estime qu'il "serait faux de croire que la crise de confiance dans la zone euro va s'achever grâce à un seul sommet".
L'Allemagne avait finalement consenti à y participer, après avoir dans un premier temps boudé l'invitation.
M. Schäuble tente enfin de balayer les inquiétudes sur d'autres pays actuellement dans le viseur des marchés, comme l'Italie: "La situation financière de certains pays, qui ont beaucoup attiré l'attention récemment, n'est pas telle qu'il faille sérieusement se faire du souci".