Déjà sous pression avec l'affaire Barroso, la Commission européenne a réclamé des "clarifications" à l'ex-commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, qui a, selon des médias, été pendant son mandat bruxellois directrice d'une société offshore aux Bahamas.
"La Commission européenne cherche à avoir des clarifications (...) Une fois tous les faits sur la table, la Commission va décider des actions à entreprendre", a déclaré jeudi Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, lors d'un point de presse quotidien.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a signé jeudi une lettre pour demander des clarifications à Neelie Kroes, commissaire à la Concurrence entre 2004 et 2009 avant d'être vice-présidente, jusqu'en 2014, de la Commission européenne, présidée alors par José Manuel Barroso, a expliqué le porte-parole.
"Cette lettre est un élément important pour établir les futures étapes (...) La lettre est sortie aujourd'hui (jeudi), j'imagine qu'elle (Neelie Kroes) va répondre, je ne sais pas quand. Cela dépend du nombre de détails nécessaires", a précisé M. Schinas.
Ce dernier a insisté sur la sévérité des règles pour tous ceux qui "ont l'honneur" de servir la Commission européenne, mais il a refusé de détailler les éventuelles sanctions possibles tant que les faits reprochés n'étaient pas établis.
Les révélations sur l'ex-commissaire néerlandaise tombent à un très mauvais moment pour l'exécutif européen.
Il est en effet déjà aux prises avec une autre polémique concernant José Manuel Barroso, son président entre 2004 et 2014, vilipendé de toutes parts depuis son embauche en juillet par la banque américaine Goldman Sachs, pointée du doigt pour son rôle dans la crise des "subprimes" en 2008.
"La Commission doit être en mesure de pouvoir se fier totalement et précisément aux informations fournis par nos commissaires", a répété M. Schinas, arguant que même les règles les plus strictes auraient échoué à stopper les actions de Mme Kroes et M. Barroso.
- Embarras à Bruxelles -
La semaine dernière, M. Juncker, embarrassé, avait déclaré avoir été opposé à voir M. Barroso travailler pour Goldman Sachs, tout en admettant qu'il n'aurait pas trouver à redire si l'ancien président avait été embauché par une autre banque privée.
D'après les documents en possession du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et du Consortium international des journalistes d'investigation ICIJ, révélés par les quotidiens néerlandais Trouw et Het Financieele Dagblad, Mme Kroes a été directrice de Mint Holdings Ltd., une entreprise offshore établie aux Bahamas, "du 4 juillet 2000 au 1er octobre 2009".
Or, entre 2004 et 2009, Mme Kroes était commissaire à la Concurrence, alors que le code de conduite de l'UE stipule que "les membres de la Commission ne peuvent exercer aucune autre activité professionnelle, rémunérée ou non".
Les commissaires européens doivent, au début de leur mandat, non seulement renoncer à toutes leurs fonctions de direction mais aussi notifier dans un registre public toutes celles, ayant donné lieu ou non à un paiement, exercées les dix années précédentes.
Mme Kroes, dans un communiqué de ses avocats à Amsterdam transmis à l'AFP, dément avoir su après 2002 qu'elle était encore directrice de cette société.
Selon ce communiqué, "Mme Kroes avait été recrutée seulement pour négocier la levée de fonds pour l'achat d'actifs d'Enron, l'ex-géant américain de l'énergie mis en faillite en 2001".
"Le projet étant tombé à l'eau, elle ne faisait plus partie des affaires courantes. Elle n'a jamais été payée, n'a jamais possédé d'actions de Mint Holdings Ltd et n'a jamais assisté à aucun conseil d'administration", écrivent les avocats.
"Mme Kroes regrette ne pas avoir su qu'elle était encore directrice jusqu'en 2009 --année où elle a été démise de ses fonctions-- et en a été seulement mise au courant quand des journalistes l'ont contacté", assurent-ils.