L'avionneur européen Airbus a annoncé lundi son premier grand contrat de l'année, tandis que son rival américain Boeing a prédit des jours meilleurs en 2010, au premier jour du Salon du Bourget, assombri par la crise.
Sous pression depuis le crash de l'A330 Rio-Paris, qui l'a obligé à monter au créneau pour défendre la fiabilité de ses avions, Airbus a pu cette fois briller avec une bonne nouvelle: Qatar Airways, une des grandes compagnies du Golfe, a acheté 24 moyen-courriers de la famille des A320 pour 1,9 milliard de dollars. Boeing n'a rendu publique aucune nouvelle commande lundi.
En embuscade, le russe Soukhoi s'est distingué avec son Superjet 100 -premier avion commercial développé en Russie depuis l’ère soviétique- avec la signature d'une lettre d'intention d'achat de la compagnie hongroise Malev pour trente exemplaires, d'un montant total d'un milliard de dollars.
Le renouveau de l'industrie russe constitue un exemple emblématique de l’émergence de nouveaux acteurs qui demeurent toutefois encore très dépendants des technologies européennes et américaines.
En cette période de crise, Airbus et Boeing soulignent toutefois à l'envi que la question n'est pas de gagner de nouveaux contrats, mais de sécuriser les anciens.
Cette 48e édition du Bourget permettra de "mieux comprendre où on en est dans la crise", a prévenu Louis Gallois, patron d'EADS, maison mère d'Airbus, lundi dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
"Nous n'espérons pas enregistrer un même niveau de commandes" que lors de la dernière édition il y a deux ans, qui s'était soldée par une moisson record. "les clients sont très prudents", a-t-il souligné.
Quant à son rival américain, Boeing, traditionnellement moins enclin à faire de grandes annonces de commandes aux salons, il a dit espérer des jours meilleurs à la mi-2010.
"Il n'y a pas de certitude, mais nous avons l'impression qu'il y a des raisons d'espérer que la reprise va commencer l'an prochain", a déclaré Scott Carson, Pdg de la branche aviation commerciale de Boeing.
Victimes de la crise économique, de la grippe porcine, les compagnies aériennes -les clientes- ont vu leur trafic baisser, a-t-il rappelé. Et la récente remontée des prix du pétrole risque de peser sur leurs comptes.
Toutefois, M. Carson a "l'impression que l'on a touché le fond" en terme de recul du trafic dans le fret et le trafic passagers international.
Selon le quotidien La Tribune paru lundi, Airbus pourrait engranger près de 80 commandes, voire une centaine au Bourget. Une information que n'a pas voulu commenter l'avionneur.
Cette semaine va être en tous les cas "signée au salon une lettre d'intention (+Memorandum of understanding+) pour l'achat de deux long-courriers A350 et seize moyen-courriers A321 par Vietnam Airlines", a indiqué à l'AFP NGuyen Sy Hung, président du conseil d'administration de cette compagnie.
Reste que pour enregistrer 300 commandes d'avions en 2009, comme il le prévoit, Airbus doit faire le plein au Bourget: sur les cinq premiers mois de l'année, il n'en a engrangé que 32 brutes.
Boeing ne fait jamais de prévisions en terme de commandes. Mais il avait déjà prévenu qu'elles seraient moins nombreuses que ses livraisons, qui oscilleront entre 480 et 485 en 2009, selon ses prévisions.
Côté spectacle, M. Carson a balayé tout espoir d'assister cette semaine, pendant le Bourget, au très attendu premier vol d'essai du nouveau long-courrier de Boeing, le 787 "Dreamliner", prévu aux Etats-Unis, tout en réaffirmant qu'il aurait lieu d'ici la fin juin.