En vendant sa participation en Indonésie, Carrefour effectue sa cinquième cession d'importance à l'étranger en seulement six mois, appliquant ainsi à la lettre la stratégie de son nouveau patron, qui avait annoncé des mesures de recentrage et de désendettement du groupe.
Mardi, le groupe de distribution a annoncé la cession de sa participation de 60% de Carrefour Indonésie à son partenaire local CT Corp pour 525 millions d'euros.
Cette mesure a été saluée par la Bourse, le titre Carrefour enregistrant à 14H30 (13H30 GMT), l'une des plus fortes hausses du CAC 40, à +1,85% dans un marché en repli de 0,26%.
Cette opération s'inscrit "dans le cadre de la nouvelle stratégie qui consiste à se recentrer sur les marchés les plus prometteurs et les plus rentables tout en dégageant le cash nécessaire au redressement de la situation en Europe", rappelle Jean-Marie Lhomé, analyste chez le courtier Aurel BCG.
Son PDG, Georges Plassat, arrivé en avril avait rapidement prévenu les actionnaires: A l'étranger, "nous ne pourrons pas défendre nos positions partout" et "il faudra faire des arbitrages".
L'Indonésie est représentative de cette stratégie. Le groupe, présent dans le pays depuis 1998, avec 84 points de vente, n'y était que le troisième distributeur, avec 13% de part de marché.
"En raison des conditions restrictives de la loi indonésienne, il ne pouvait notamment pas se positionner dans les formats de proximité", qui aurait pu contribuer à renforcer son développement, a expliqué une source proche.
Il a donc choisi de revendre sa participation à son partenaire local, qui en devenant franchisé, continuera d'assurer la présence de l'enseigne dans le pays pour un investissement limité.
Dans la même logique, Carrefour s'était déjà séparé fin octobre de ses activités en Malaisie, revendues à son concurrent japonais Eon pour 250 millions d'euros. En août, il avait également abandonné l'exploitation de ses deux magasins à Singapour. Peu de temps auparavant, il avait aussi suspendu ses projets d'expansion en Inde.
En Asie, il s'était déjà séparé de ses actifs en Thaïlande en 2010 et au Japon en 2005. Au 30 septembre 2012, le groupe y possédait encore 387 magasins, notamment en Chine et à Taiwan.
En 2011, l'Asie représentait près de 9% des ventes nettes du groupe (81,2 milliards d'euros), contre 18,5% pour l'Amérique latine et 29,2% en Europe (hors France).
Le groupe de distribution français a par ailleurs cédé en octobre ses magasins en Colombie pour 2 milliards d'euros, quelques mois après son désengagement de Grèce.
En dix ans, Carrefour a ainsi déjà quitté 15 pays, dans lesquels il s'était implanté. Il est encore présent dans une trentaine de pays, avec 9.945 magasins.
Ces dernières cessions --à des prix "bien négociés" selon M. Lhomé-- auront permis au distributeur de dégager près de 3 milliards d'euros.
De quoi permettre à Carrefour de concentrer ses investissements dans les pays matures, où il détient déjà une position de leader, et les pays émergents, où il estime avoir un fort potentiel de croissance.
Le groupe a aussi entamé la réorganisation et la rénovation de ses magasins en France, son principal marché. Il continue également de fortement investir en Pologne (500 magasins sous enseigne) et en Argentine (403 magasins).
Ce cash devrait enfin contribuer au désendettement du groupe (9,62 milliards d'euros au 30 juin). Georges Plassat avait annoncé en juin qu'il réclamait trois ans pour totalement redresser le groupe.
M. Lhomé estime que ce vaste plan de cession ciblées à l'international est "pratiquement terminé, le groupe ayant affirmé vouloir maintenir ses positions au Brésil et en Chine".
En juin, Georges Plassat s'était pourtant notamment interrogé sur la présence de Carrefour en Turquie, où il possède 243 magasins sous enseigne.