C'est un coup dur pour le gouvernement: le chômage a fait un bond en février avec un record de 3,34 millions de demandeurs d'emplois, un nouveau revers pour François Hollande dans sa "bataille pour l'emploi" qui donne des munitions à l'opposition juste avant le deuxième tour des municipales.
Le ministère du Travail a évoqué lui-même "une progression marquée" du chômage au vu des chiffres publiés mercredi soir: 31.500 nouveaux inscrits à Pôle Emploi en février en métropole (+0,9%) dans la fameuse "catégorie A" (chômeurs sans aucune activité) qui focalise l'attention.
En incluant les demandeurs d'emplois exerçant une petite activité, la progression est moins forte (+7.900 soit +0,2%), mais porte toutefois le total dans cette catégorie à un autre sommet historique: 4,93 millions.
Hormis la hausse exceptionnelle du chômage en septembre dernier due à un problème technique, il faut remonter à avril 2013 pour retrouver une augmentation comparable (+33.200).
Le nombre des jeunes inscrits à Pôle Emploi, priorité affichée du gouvernement, a aussi un peu progressé en février (+1.700), mais "conserve un niveau équivalent à celui atteint fin 2012", fait valoir le ministère.
En revanche, le tribut payé par les seniors est de plus en plus lourd: la progression pour les plus de 50 ans atteint +1,3% en février et +12,1% sur un an, une véritable explosion "qui explique à, elle seule, la quasi totalité de la hausse" de février, d'après les services de Michel Sapin.
A la fin de l'année dernière, le gouvernement avait déjà essuyé un sérieux camouflet en ne parvenant pas à inverser, comme promis, la courbe du chômage, mais il mettait en avant ces derniers mois "une quasi-stabilisation" du chômage, et notamment le reflux observé chez les jeunes. Un discours mis à mal par les chiffres de mercredi, même si les statistiques de l'emploi sont très volatiles d'un mois sur l'autre.
- "Intensifier" la politique de l'emploi -
Au total, depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir, plus de 420.000 chômeurs sans aucune activité ont poussé la porte de Pôle emploi. Un résultat que le chef de l'Etat paie cher en termes de popularité, le chômage restant une préoccupation majeure des Français, et qui a sans doute contribué au désaveu du premier tour des municipales.
Face à cette nouvelle déconvenue en février, le gouvernement promet de "poursuivre et intensifier la mobilisation des outils de la politique de l’emploi".
Il a en effet à sa disposition la panoplie des emplois aidés (20.000 nouveaux emplois d'avenir ont été signés depuis le début de l'année). Mais il mise surtout désormais sur la mise en oeuvre rapide du "pacte de responsabilité" avec les entreprises (30 milliards de baisse d'impôts ou de charges en échange d'embauches) pour relancer la machine et "amplifier la dynamique de création d’emplois".
Reste que ses effets ne se feront pas sentir avant plusieurs mois. Quant à la croissance, même si l'activité semble donner quelques signes de frémissement, elle ne sera, selon toute vraisemblance, pas assez vigoureuse cette année pour inverser la tendance.
Selon les dernières prévisions de Bruxelles, la France, deuxième économie de la zone euro, devrait en effet rester cette année à la traîne derrière l'Allemagne, avec 1% de croissance contre 1,8% pour sa voisine. Or, une croissance annuelle de 1,5% est généralement considérée comme nécessaire pour faire refluer le chômage.
Aucun organisme international ne fait d'ailleurs le pari d'une véritable reprise de l'emploi en 2014. Tout au mieux les économistes envisagent-ils une stabilisation du chômage, avec le coup de pouce des emplois aidés.