Le calendrier pourrait jouer contre le gouvernement: les chiffres du chômage en février sont publiés mercredi, juste entre les deux tours des municipales, des statistiques qui n'ont guère été synonymes de bonnes nouvelles ces derniers mois.
"Même si on a réussi à ralentir les choses" sur le chômage, "on ne l'a pas inversé, chacun le sait (...) c'est normal que les Français soient dans une forme de colère", a reconnu mardi le ministre du Travail Michel Sapin, évoquant les résultats du premier tour en forme de désaveu pour le gouvernement.
Il faut entendre ce "mécontentement vis-à-vis de la situation économique et sociale qui n'est pas aujourd'hui à la hauteur de ce que les uns et les autres peuvent espérer", a-t-il ajouté.
Fin janvier, 3,31 millions de demandeurs d'emploi sans activité étaient encore recensés en métropole, un nouveau record. Pôle emploi avait alors enregistré 8.900 nouveaux inscrits dans la catégorie A (sans aucune activité) et 23.600 en incluant ceux qui exercent une petite activité.
L'embellie observée sur le chômage des jeunes depuis le printemps 2013 a, elle, marqué un coup d'arrêt, tandis que les seniors continuaient à payer un tribut de plus en plus lourd (+11,6% d'inscrits en un an, une véritable explosion).
Le gouvernement plaide que ses réformes n'ont pas eu encore le temps de "porter leurs fruits".
Depuis mi-2011, les chiffres des demandeurs d'emplois inscrits à Pôle Emploi, qui suscitent une grande attente chaque mois, n'ont laissé apparaître une embellie qu'à deux reprises: en août et en octobre 2013.
- Une stabilisation au mieux -
La fin de l'année dernière a toutefois réservé une bonne surprise sur le front de l'emploi: pour la première fois depuis le début 2012, l'économie française s'est remise -modestement - à créer des emplois au quatrième trimestre, essentiellement grâce à une hausse de l'intérim.
Ce regain a coïncidé avec une légère baisse du taux de chômage mesuré par l'Insee: il est descendu à 9,8% en métropole (10,2% avec l'Outre-mer) au quatrième trimestre, soit -0,1 point par rapport au trimestre précédent.
Un recul favorisé par les politiques de soutien à l'emploi (contrats aidés, emplois d'avenir, formations...), mais qui a permis au gouvernement de dire que l'engagement de François Hollande d'inverser la courbe du chômage fin 2013 avait malgré tout été "respecté".
Le gouvernement mise désormais sur le pacte de responsabilité et ses 30 milliards de baisses des charges pour les entreprises, pour relancer la machine.
Mais aucun organisme international ne fait le pari d'une véritable reprise de l'emploi en 2014, faute d'une croissance suffisamment vigoureuse. Tout au mieux les économistes envisagent-ils une stabilisation du chômage, avec le coup de pouce des emplois aidés.
Selon les dernières prévisions de Bruxelles, la France, deuxième économie de la zone euro, devrait rester cette année à la traîne derrière l'Allemagne avec 1% de croissance, contre 1,8% pour sa voisine. Une croissance annuelle de 1,5% est généralement considérée comme nécessaire pour inverser la tendance en matière d'emploi.
D'après l'Unédic (assurance chômage), 63.200 chômeurs sans activité supplémentaires devraient donc encore venir grossir les rangs de Pôle emploi en 2014.
Le weekend dernier, de nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs ont été entérinées par le patronat et les syndicats.
Cet accord instaure de nouveaux "droits rechargeables" pour les demandeurs d'emplois, un système qui leur permettra d'accumuler les droits à indemnisation en cas de reprise d'emploi, alors qu'ils en perdaient jusqu'ici une partie. Mais il durcit le régime des cadres, seniors et intermittents pour dégager 400 millions d'euros d'économies.
Les militants du MNCP, le mouvement de défense des chômeurs, ont prévu de mener une opération "coup de poing" mercredi pour protester contre ces mesures.