La justice a validé mardi la reprise par le fonds Alandia de Continentale Nutrition, numéro un français de l'alimentation pour chiens et chats qui emploie 501 salariés à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), une "victoire" pour les salariés.
Entérinée par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-mer, la prise de contrôle par Alandia permet à Continentale Nutrition de sortir du redressement judiciaire prononcé fin mai 2013, au prix toutefois de la suppression de 140 à 180 emplois.
"Le tribunal de commerce homologue un projet cohérent (...) et intégralement financé. Continentale Nutrition voit donc entériné son plan d'affaires et validée sa pérennité", a réagi Alandia dans un communiqué.
Le fonds, spécialisé dans le redressement d'entreprises en difficulté, était seul en lice pour reprendre Continentale.
En dépit des suppressions d'emplois prévues par le plan de continuation d'Alandia, "c'est quand même une victoire de tous les salariés de la Continentale", a souligné Dominique Paquentin, secrétaire de la CFDT dans le Boulonnais.
"On n'avait qu'un plan, donc c'était soit validation, soit liquidation", a ajouté M. Paquentin.
Les salariés s'étaient mobilisés en février pour faire aboutir cette offre de reprise, interpellant le Crédit agricole, premier actionnaire financier de Continentale via sa filiale Sodica, pour lui demander de contribuer au financement du plan Alandia.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait finalement annoncé début mars un accord concernant le financement du projet.
L'entreprise sera "durablement rentable dès 2015", assure Alandia.
Continentale se voit dotée d'environ 35 millions d'euros de ressources par des apports des différents actionnaires et des crédits, consentis notamment par les fournisseurs.
Alandia prévoit d'investir 7 millions d'euros à Boulogne, dont les lignes de production doivent être modernisées, et les principaux fournisseurs et créanciers de Continentale ont quant à eux donné leur accord pour réduire ses dettes de 94 à 40 millions d'euros.
- Inconnue pour la filiale -
"Je tiens à saluer la décision favorable que le tribunal de Boulogne vient de rendre dans le dossier de la Continentale", a réagi dans un communiqué le ministre des Transports Frédéric Cuvillier, tête de liste pour les municipales à Boulogne-sur-mer.
"Ce sont plus de 500 emplois boulonnais directs et indirects qui seront ainsi préservés", a ajouté le ministre, qui a demandé à la préfecture la mise en place rapide d'une cellule de reclassement pour les salariés qui perdront leur emploi.
Le projet d'Alandia portait sur le site de Boulogne mais aussi sur Villeneuve Pet Food (VPF), filiale à 100% de Continentale Nutrition, qui emploie 150 salariés à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).
Pour autant, rien n'est encore joué pour Villeneuve Pet Food, car le tribunal de commerce d'Agen l'a placée en redressement judiciaire le 10 mars et réexaminera le dossier le 1er avril à la lumière de la décision du tribunal de Boulogne-sur-mer.
En prenant le contrôle de Continentale, Alandia devient de fait propriétaire de VPF. Son plan de continuation pour VPF, s'il le maintient, serait ainsi prioritaire face aux deux marques d'intérêt de l'Allemand Deuerer et de l'Irlandais Cats and Dogs Foods.
Mais, persuadés que le projet d'Alandia ne préservera pas l'emploi localement, les salariés de VPF ne veulent pas de son plan de continuation et espèrent quitter le groupe boulonnais.
Une sortie de VPF du giron de Continentale mettrait en difficulté le site de Boulogne en recréant une concurrence entre les deux sites, selon les salariés boulonnais. "On demande que nos collègues de VPF nous rejoignent dans le projet Alandia", a résumé M. Paquentin.
"Continentale Nutrition entend jouer pleinement son rôle d'actionnaire responsable, et accompagner la recherche d’une solution de sortie par un plan via l’établissement d’une feuille de route commune permettant de redresser durablement VPF", indique Alandia dans son communiqué.