Plus de décoration, des budgets conséquents, des vêtements à réinventer, des cérémonies à imaginer...: les pros du mariage comptent sur les prochaines unions homosexuelles pour donner un coup de fouet à leur chiffre d'affaires.
"Tout est à créer, c'est ça qui est génial", souligne Olivier Legrand, après le vote de la loi Taubira. Ce professionnel de l'événementiel a choisi de renouer, pour les homosexuels, avec son ancienne activité de "wedding planner" (organisateur de mariage).
Il est déjà en contact avec une chaîne hôtelière de luxe, "qui cherche à faire une offre spécifique pour les gays". Il propose aux imprimeurs des faire-part pour couples homosexuels.
Quant aux vêtements, il estime qu'il va falloir créer une ligne. Les lesbiennes "doivent-elles porter deux grandes robes blanches? Ou l'une d'elles doit-elle s'habiller en homme?"
Si l'offre est plus large pour les futures mariées, "les hommes sont souvent oubliés dans les mariages", explique Claire Jollain, organisatrice du "G-Day", le premier salon du mariage gay qui se tient samedi à Paris. La manifestation, qui se veut élégante et axée sur la clientèle masculine, attend une trentaine d'exposants.
"On va devoir travailler sur des design plus masculins", conçoit Régis Clerc-Vincent, directeur de Berko, spécialiste des gâteaux de fête situé dans le Marais, et fournisseur de la pièce montée du G-Day: une tour blanche ornée de noeuds papillon noirs en sucre, de cols de chemises et de boutons.
Dépoussiérer les clichés
"Le Pacs, cela n'a jamais vraiment bien marché en termes d'événementiel. Cette fois, je pense que cela va décoller, qu'il y aura une recrudescence de mariages dans cette communauté", susceptible d'apporter "plus de piquant dans notre métier et des idées nouvelles", se réjouit Catherine Collin chez Cath Mariage.
Elle s'attend "à des goûts peut-être plus raffinés que d'autres et à un budget plus important sûrement pour les couples urbains et plus d'accent mis sur la décoration".
Sonia Bravard, de WP Wedding Planner, est plus réservée et pense que ces nouveaux mariés auront "des goûts semblables aux autres, sans forcément tomber dans l'extravagance". "L'organisation se fait en fonction de la personnalité pas de l'orientation sexuelle".
Elle ne voit donc pas la nécessité de créer une offre spéciale mais se rendra quand même au salon de samedi pour enquêter sur les prestations recherchées.
"Pacs, mariages hétéros ou homosexuels (...) le travail reste le même", dit-elle. Mais "est-ce que les gays vont faire appel à des gays pour organiser leur mariage ou pas? Je ne sais pas".
En ces temps de crise, en tout cas, tout appel d'air est le bienvenu sur un marché qui pèse déjà trois milliard d'euros annuels pour le seul mariage hétérosexuel. Et ils sont 200.000 Français à déclarer aujourd'hui être en couple avec une personne de même sexe.
Chez "Mariage dans l'air", Alexandra Phelipeau compte ajouter un onglet dédié aux noces homosexuelles sur son site internet, misant sur l'organisation d'"un tiers de mariages supplémentaires soit cinq à six de plus par an".
Elle s'attend à des noces "plus centrées sur les amis avec beaucoup d'attente en termes de réception et d'animation, une décoration plus tendance".
Claire Jollain, fondatrice de l'agence Events and Home, table sur environ 10% de mariages en plus ces prochaines années sur les 250.000 célébrés par an en France.
"Je ne pense pas qu'il y aura un impact économique énorme", tous les couples homosexuels n'ayant pas l'intention de se mettre la bague au doigt, relativise Marie Joseph Cresson, directrice du Salon du mariage et du Pacs.
Joailliers, restaurateurs, voyagistes, fleuristes etc... pour beaucoup, il est encore "trop tôt" pour prévoir les retombées économiques mais tous espèrent pouvoir sortir des codes du mariage classique et dépoussiérer certains clichés.