PARIS (Reuters) - Nicolas Hénin, ex-otage en Syrie et journaliste au Point, a été la victime de Mehdi Nemmouche au cours de sa captivité, a-t-il affirmé samedi lors d'une conférence de presse, après des révélations du journal Le Monde.
Le quotidien rapportait samedi matin que Mehdi Nemmouche, accusé d'avoir tué en mai quatre personnes au musée juif de Bruxelles, aurait été l'un des geôliers des journalistes français retenus en Syrie début 2014.
"Après l'arrestation de Mehdi Nemmouche (...) J'ai été confronté à un certain nombre de documents audiovisuels qui m'ont permis de le reconnaître formellement", a déclaré Nicolas Hénin lors d'une conférence de presse dans les locaux du Point.
Ces documents lui ont été montrés dans le cadre de l'enquête, a-t-il dit, précisant avoir été "en contact" avec cet homme, qu'il connaissait sous le nom d'Abou Omar, entre juillet et décembre 2013.
"Mehdi Nemmouche m'a maltraité moi-même. Je n'ai pas connaissance d'autres otages occidentaux qu'il aurait maltraités. En revanche, j'ai pu l'entendre torturer des prisonniers syriens", a également déclaré le journaliste, précisant qu'ils étaient détenus dans le sous-sol d'un ancien hôpital.
Selon lui, entre "50 et 80 prisonniers de droit commun de cet Etat islamique" se trouvaient dans cet endroit.
Nicolas Hénin a précisé que Mehdi Nemmouche, qui lui a "cassé la figure", n'avait pas selon lui pour mission d'être gardien d'otages mais qu'il s'agissait d'un combattant "plutôt d'ordre secondaire".
"Il a pu nous apparaître qu'il n'était probablement pas parti en Syrie pour se battre pour un quelconque idéal mais avant tout sans doute par manque de reconnaissance, pour se réaliser d'une certaine façon, réaliser une sorte de cavalcade meurtrière dont il avait fomenté le dessin", a-t-il dit.
SILENCE COLLECTIF
L'auteur présumé de la tuerie de Bruxelles, souvent masqué, s'est plusieurs fois présenté à eux à visage découvert, selon lui.
"Je pense qu'il a fait le choix de se présenter à nous le visage découvert afin d'être sûr qu'il serait un jour confronté à nous dans un processus juridique qu'il attend avec délice", a dit Nicolas Hénin, précisant qu'une procédure judiciaire lancée pendant leur captivité était en cours.
Les journalistes Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été libérés en avril dernier.
Interrogé sur le fait de savoir si ces derniers, qui n'étaient pas présents, avaient également reconnu Mehdi Nemmouche, il a dit :"Ce n'est pas à moi de parler en leur nom".
Mais Nicolas Hénin a affirmé que lui et les autres anciens otages avaient collectivement pris la décision de taire cette information.
"Nous avons pris la décision, les anciens otages, les autorités de police et de justice, de garder cet élément secret, à la fois pour protéger les otages que nous laissons derrière nous (... ) et aussi pour faciliter le bon déroulement de l'enquête", a-t-il dit.
Nicolas Hénin a déclaré avoir été poussé à parler par la publication du Monde, se disant "victime mais journaliste" et plus inquiet que jamais sur le sort des autres détenus.
NEMMOUCHE JAMAIS INTERROGE SUR LA SYRIE
Selon Le Monde, qui a révélé cette information, les souvenirs des personnes interrogées ne sont pas identiques à propos de Mehdi Nemmouche.
"Si certains évoquent 'une possibilité', d'autres affichent une plus grande certitude", souligne le quotidien.
Mehdi Nemmouche a quitté la Syrie en février, écrit Le Monde. Ce Franco-Algérien de 29 ans, arrêté le 30 mai à Marseille à sa descente d'un car en provenance de Belgique, a été remis fin juillet aux autorités belges.
Son avocat Apolin Pepiezep a déclaré à Reuters que son client n'avait jamais été interrogé par les enquêteurs sur son séjour en Syrie au cours de ses cinq jours de garde-à-vue.
"Il n'a jamais été questionné sur son séjour en Syrie, ni sur son rôle de geôlier. Si cette information est avérée, pourquoi on ne lui a pas posé la question ?", a-t-il dit.
Interrogé par BFM TV en marge d'un déplacement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a confirmé que, lors de leur découverte, ces éléments avaient immédiatement été transmis à la justice par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Contacté par Reuters, le parquet de Paris a indiqué qu'il ne ferait aucun commentaire.
(Marion Douet, avec Chine Labbé, Dominique Vidalo
PARIS (Reuters) - Nicolas Hénin, ex-otage en Syrie et journaliste au Point, a été la victime de Mehdi Nemmouche au cours de sa captivité, a-t-il affirmé samedi lors d'une conférence de presse, après des révélations du journal Le Monde.
Le quotidien rapportait samedi matin que Mehdi Nemmouche, accusé d'avoir tué en mai quatre personnes au musée juif de Bruxelles, aurait été l'un des geôliers des journalistes français retenus en Syrie début 2014.
"Après l'arrestation de Mehdi Nemmouche (...) J'ai été confronté à un certain nombre de documents audiovisuels qui m'ont permis de le reconnaître formellement", a déclaré Nicolas Hénin lors d'une conférence de presse dans les locaux du Point.
Ces documents lui ont été montrés dans le cadre de l'enquête, a-t-il dit, précisant avoir été "en contact" avec cet homme, qu'il connaissait sous le nom d'Abou Omar, entre juillet et décembre 2013.
"Mehdi Nemmouche m'a maltraité moi-même. Je n'ai pas connaissance d'autres otages occidentaux qu'il aurait maltraités. En revanche, j'ai pu l'entendre torturer des prisonniers syriens", a également déclaré le journaliste, précisant qu'ils étaient détenus dans le sous-sol d'un ancien hôpital.
Selon lui, entre "50 et 80 prisonniers de droit commun de cet Etat islamique" se trouvaient dans cet endroit.
Nicolas Hénin a précisé que Mehdi Nemmouche, qui lui a "cassé la figure", n'avait pas selon lui pour mission d'être gardien d'otages mais qu'il s'agissait d'un combattant "plutôt d'ordre secondaire".
"Il a pu nous apparaître qu'il n'était probablement pas parti en Syrie pour se battre pour un quelconque idéal mais avant tout sans doute par manque de reconnaissance, pour se réaliser d'une certaine façon, réaliser une sorte de cavalcade meurtrière dont il avait fomenté le dessin", a-t-il dit.
SILENCE COLLECTIF
L'auteur présumé de la tuerie de Bruxelles, souvent masqué, s'est plusieurs fois présenté à eux à visage découvert, selon lui.
"Je pense qu'il a fait le choix de se présenter à nous le visage découvert afin d'être sûr qu'il serait un jour confronté à nous dans un processus juridique qu'il attend avec délice", a dit Nicolas Hénin, précisant qu'une procédure judiciaire lancée pendant leur captivité était en cours.
Les journalistes Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été libérés en avril dernier.
Interrogé sur le fait de savoir si ces derniers, qui n'étaient pas présents, avaient également reconnu Mehdi Nemmouche, il a dit :"Ce n'est pas à moi de parler en leur nom".
Mais Nicolas Hénin a affirmé que lui et les autres anciens otages avaient collectivement pris la décision de taire cette information.
"Nous avons pris la décision, les anciens otages, les autorités de police et de justice, de garder cet élément secret, à la fois pour protéger les otages que nous laissons derrière nous (... ) et aussi pour faciliter le bon déroulement de l'enquête", a-t-il dit.
Nicolas Hénin a déclaré avoir été poussé à parler par la publication du Monde, se disant "victime mais journaliste" et plus inquiet que jamais sur le sort des autres détenus.
NEMMOUCHE JAMAIS INTERROGE SUR LA SYRIE
Selon Le Monde, qui a révélé cette information, les souvenirs des personnes interrogées ne sont pas identiques à propos de Mehdi Nemmouche.
"Si certains évoquent 'une possibilité', d'autres affichent une plus grande certitude", souligne le quotidien.
Mehdi Nemmouche a quitté la Syrie en février, écrit Le Monde. Ce Franco-Algérien de 29 ans, arrêté le 30 mai à Marseille à sa descente d'un car en provenance de Belgique, a été remis fin juillet aux autorités belges.
Son avocat Apolin Pepiezep a déclaré à Reuters que son client n'avait jamais été interrogé par les enquêteurs sur son séjour en Syrie au cours de ses cinq jours de garde-à-vue.
"Il n'a jamais été questionné sur son séjour en Syrie, ni sur son rôle de geôlier. Si cette information est avérée, pourquoi on ne lui a pas posé la question ?", a-t-il dit.
Interrogé par BFM TV en marge d'un déplacement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a confirmé que, lors de leur découverte, ces éléments avaient immédiatement été transmis à la justice par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Contacté par Reuters, le parquet de Paris a indiqué qu'il ne ferait aucun commentaire.
(Marion Douet, avec Chine Labbé, Dominique Vidalon, Pauline Mével et Thierry Chiarello, édité par Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey)