Marseille, qui sera le théâtre samedi soir du premier baptême d'un géant des mers en France depuis cinq ans, le MSC Divina, a vu son image et son économie dopées ces dernières années par le marché de la croisière, ce secteur générant près de 100 millions d'euros annuels.
"Le pôle croisière est un élément économique important pour le développement du port, la ville ayant engrangé 94 millions d'euros en 2011 grâce à cette activité", explique à l'AFP Roland Blum, 1er adjoint au maire (UMP) de Marseille, qui annonce pour 2012 le passage de 58 navires appartenant à 27 compagnies différentes.
Pour Erminio Eschena, directeur général France de MSC Croisières, choisir Marseille comme lieu de baptême du douzième bateau de sa flotte est "une évidence", autant qu'un "symbole", "la croisière ayant fortement contribué à améliorer l'image de la ville, à la rendre plus attractive".
"On est en développement de près de 20% par an, c'est deux fois plus que le marché mondial", avait souligné fin avril Jacques Truau, le président du Club de la croisière Marseille-Provence, qui accueillera fin novembre la "Seatrade Med Cruise and Superyacht Convention".
Ainsi, 950.000 passagers sont attendus cette année dans la cité phocéenne, avec un nombre d'escales en hausse pour les deux principaux croisiéristes, Costa Croisières et MSC.
Pour M. Blum, tout doit donc être fait pour que "l'escale de Marseille ne soit pas +loupée+". Autant dire que ces passagers, qui dépensent entre 105 et 152 euros par jour, selon qu'ils soient en transit ou en tête de ligne, sont bichonnés.
A travers un partenariat public/privé dans le cadre du Marseille Provence Cruise Terminal (MPCT), ont été réalisés plusieurs travaux d'aménagement de la gare maritime qui, face à l'Estaque, reste cependant encore trop éloignée du Vieux-Port et des commerces du centre-ville, d'où la nécessité d'affréter des bus, précise M. Blum.
"Dès fin 2008, on a commencé par le quai pour qu'il accueille notre classe Fantasia et puis il y a eu les passerelles ("fingers") comme à Roissy, et on continue avec le hangar 24, doté d'une grande bagagerie", explique M. Eschena, soucieux du "confort" de ses clients.
Le hic, constatent les commerçants, c'est que malgré toutes ces améliorations, les retombées économiques touchent surtout l'arrière-pays provençal, visité lors d'excursions à la journée par les croisiéristes en escale et bénéficiant souvent de formules "all inclusive".
Ainsi, dans le coeur de ville, on évoque plutôt des dépenses de l'ordre de "30 à 50 euros", se réduisant souvent à "une glace et un tour en petit train vers le Panier ou Notre-Dame-de-la-Garde", même si admet l'un des commerçants du Vieux-Port, "quand il y a un bateau, on travaille mieux".
Après avoir été accompagné vendredi par quelques voiliers dans la passe du Port, le Divina sera baptisé samedi soir au champagne par l'actrice italienne Sophia Loren, après quelques mots d'introduction prononcés par Gérard Depardieu et un mini-concert du chanteur transalpin Paolo Conte, avant un dîner à bord préparé par le chef Christian Constant.
Une cérémonie critiquée par l'association écologiste Les Robins des Bois qui, dans un communiqué, dénonce "cette croissance incontrôlée du tourisme maritime où le clinquant masque le flippant", évoquant les difficultés d'évacuation des milliers de passagers et de membres de l'équipage en cas de catastrophe en mer ou de naufrage.
Ces esprits chagrins ne découragent pas M. Eschena, qui explique qu'à la manière des Romains, il s'est octroyé "les augures des dieux de la mer en scellant dans la quille du Divina une pièce en or avec les armoiries de la ville"...