Le constructeur et équipementier automobile en difficulté Heuliez a une nouvelle fois renoncé lundi au dernier moment à déposer son bilan au tribunal de commerce de Niort, a-t-on appris de source syndicale et judiciaire.
"Nous avons été finalement prévenus que la direction ne ferait pas de demande (de dépôt de bilan) aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Jean-Emmanuel Vallade, délégué syndical CFE-CGC.
"Elle veut se garder du temps pour pouvoir discuter et peut-être finaliser" avec un repreneur potentiel, en l'occurrence le fonds asiatique qui s'est dit prêt à apporter 25 millions d'euros pour reprendre l'entreprise, a-t-il poursuivi.
Mercredi, le mandataire ad hoc désigné par la justice après un premier dépôt de bilan d'Heuliez, Régis Valliot, avait expliqué qu'il recommandait "depuis longtemps" un nouveau dépôt de bilan de l'entreprise, du fait de l'échec de la reprise par Bernard Krief Consulting qui n'a pas apporté les fonds promis.
Régis Valliot avait précisé qu'il y avait "neuf chances sur dix" pour que le dépôt de bilan ait lieu lundi.
Lundi matin, le dépôt de bilan a été confirmé par la direction aux élus du personnel, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire.
Mais ceux-ci ont finalement découvert dans la journée que la procédure n'était pas lancée.
"La situation devient de plus en plus difficile à gérer, surtout face aux salariés qui se posent des questions", a déclaré Jean-Emmanuel Vallade.
Une valse hésitation semblable s'était déjà produite le 6 mai, les syndicats et le tribunal de commerce étant prévenus d'un dépôt de bilan imminent avant que la direction ne renonce in extremis à la procédure, en arguant de nouvelles offres de repreneurs potentiels.
Le fonds anglo-malaisien Delamore and Owl notamment a fait le forcing ces derniers jours pour racheter Heuliez, proposant de consacrer 25 millions d'euros à l'opération.
Dans un courriel adressé la semaine dernière notamment aux Echos et à la Nouvelle République, le fonds s'est plaint que son projet de reprise n'ait pas bénéficié d'une "vraie chance".
Interrogé par les deux quotidiens, Régis Valliot a répliqué de son côté que l'offre de Delamore and Owl serait étudiée "en même temps que les autres", après le dépôt de bilan qu'il recommande.
Outre Delamore and Owl, un fonds d'investissement asiatique, une association de deux investisseurs français et allemand et l'homme d'affaires turc Alphan Manas se sont montrés intéressés par la reprise d'Heuliez.