par Jan Strupczewski
BRUXELLES (Reuters) - Les prix à la consommation ont augmenté de 0,3% dans la zone euro en mai, mettant fin à une série de cinq mois de baisse ou de stagnation malgré une nouvelle diminution des prix des l'énergie, selon l'estimation rapide publiée mardi par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne.
Les économistes prévoyaient en moyenne un taux d'inflation de 0,2% après une stabilité en avril.
L'estimation rapide d'Eurostat ne comporte pas de variation mensuelle mais les données sur un an montrent que les prix ont surtout augmenté dans les services (+1,3% après +1,0% en avril) et dans l'alimentation (+1,2% après +1,0%).
Les prix de l'énergie restent, eux, orientés à la baisse avec un recul de 5,0% sur un an, après ‑5,8% en avril.
Hors énergie et alimentation, l'inflation dite de base a atteint 0,9%, son niveau le plus élevé en neuf mois, après +0,7% en avril.
"C'est une bonne surprise, surtout l'inflation de base", commente Teunis Brosens, économiste chez ING (AMS:ING). "Elle était stable depuis septembre, autour de 0,6 ou 0,7%. Normalement je ferais peu de cas d'une progression de 0,2 ou 0,3 point de pourcentage mais dans le contexte actuel c'est une bonne nouvelle."
En Allemagne, le taux d'inflation calculé aux normes européennes a atteint 0,7% en mai, là aussi un niveau plus élevé qu'attendu qui constitue un plus haut de huit mois, selon des données annoncées lundi.
Le retour de l'inflation semble montrer que le programme de rachat d'actifs de la Banque centrale européenne (BCE), lancé début mars pour relancer l'économie et écarter les risques de déflation, a produit rapidement des résultats.
Le débat sur la nécessité de la BCE d'aller jusqu'au bout du programme, prévu pour durer jusqu'en septembre 2016, risque de s'en trouver relancé alors que la banque centrale tient mercredi sa prochaine réunion monétaire.
"La BCE cherche clairement à empêcher tout questionnement du marché sur la nécessité d'appliquer le programme dans sa totalité, au vu de l'amélioration de la croissance en zone euro et de la sortie de la déflation, afin de maintenir l'euro et les rendements obligataires sous pression", estime Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.
Contrairement aux prix à la consommation, les prix à la production sont, eux, repartis à la baisse en avril avec des reculs de 0,1% sur un mois et de 2,2% sur un an, selon Eurostat.
Les économistes attendaient en moyenne +0,1% et -2,0%.
Les prix à la production donnent une indication des pressions inflationnistes futures puisque leurs variations tendent à se répercuter sur les prix à la consommation, à moins d'être amorties par les distributeurs via leurs marges.
(Philip Blenkinsop, Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)