PARIS (Reuters) - Laurent Berger, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a réaffirmé mercredi son opposition à la réforme de l'assurance-chômage et à celle des retraites alors que le Premier ministre Jean Castex débutera dans la journée une série de rencontres avec les partenaires sociaux.
S'exprimant sur France 2, le patron de la CFDT a jugé que les conditions n'étaient pas réunies pour mettre en application la réforme de l'assurance-chômage.
"La situation aujourd'hui du chômage (...) n'est pas revenue à la normale par rapport à février 2020. Il y a beaucoup plus de demandeurs d'emploi aujourd'hui (...) Cette réforme était injuste dès le départ et continue de l'être. Je pense qu'il y a aucune raison de la mettre sur la table", a-t-il déclaré.
"C'est une opposition très claire depuis le début. On l'a combattue au Conseil d'Etat et on attend le prochain décret. On verra ce que l'on fait en fonction du prochain décret", a-t-il poursuivi.
Saisi par plusieurs syndicats, le Conseil d'Etat a suspendu en juin les nouvelles règles de calcul des indemnités chômage qui devaient entrer en vigueur dans le cadre de la réforme de l'assurance-chômage.
Laurent Berger conteste également les arguments de l'exécutif pour remettre sur la table cette réforme, notamment les difficultés de recrutement dans certains secteurs.
"Croire que c'est en tapant sur les demandeurs d'emploi les plus précaires que l'on va faire face aux difficultés de recrutement, c'est totalement inconséquent", a-t-il dit.
"PAS DE PLACE" POUR LA RÉFORME DES RETRAITES
Selon une source au sein de Matignon, Jean Castex juge pour sa part que la réforme de l'assurance-chômage doit aller jusqu'au bout. La ministre du Travail, Elizabeth Borne, est en train de faire le nécessaire pour que les textes soient prêts pour une entrée en vigueur au 1er octobre, a-t-elle ajouté.
La réforme voulue par le gouvernement porte sur une dégressivité de l'allocation pour les hauts revenus et la mise en place d'un système de bonus-malus pour les entreprises, qui consiste à moduler les cotisations des employeurs entre 3% et 5,05% en fonction du nombre de contrats courts employés.
Concernant la réforme des retraites, Laurent Berger a estimé mercredi sur France 2 qu'elle n'avait pas lieu d'être en ce moment.
"On dira au Premier ministre qu'il n'y a pas de place pour un débat sur les retraites aujourd'hui", a-t-il assuré, notant que la crise sanitaire "n'est pas derrière nous" et que la France se préparait à "une échéance électorale", l'élection présidentielle de 2022.
(Reportage Claude Chendjou, avec la contribution d'Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)