Les salariés de sites industriels menacés tels que Fralib, Petroplus, General Motors ou ArcelorMittal, sont déterminés à ne laisser aucun répit à François Hollande, multipliant les sollicitations pour tenter d'obtenir l'appui du nouveau gouvernement pour défendre leurs emplois.
Dès le 9 mai, les métallurgistes lorrains d'ArcelorMittal ont écrit au nouveau président, qui leur avait rendu visite fin février.
"Il nous avait dit que s'il était élu président, nous aurions un entretien: nous lui avons donc demandé un rendez-vous", a expliqué Jacques Minet, secrétaire CFDT de l'aciérie de Florange (Moselle), où les deux hauts-fourneaux qui emploient 550 salariés sont à l'arrêt.
ArcelorMittal a récemment repoussé à l'été la décision sur leur redémarrage en fonction de "l'environnement économique", estimant avoir actuellement assez de capacités de production pour répondre à la demande d'acier.
En Haute-Normandie, ce sont les salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (550 emplois directs) qui veulent faire un point "rapidement" avec le nouveau gouvernement. Tous les candidats s'étaient rendus à Petit-Couronne, à l'exception de Marine Le Pen qui n'avait pas été invitée.
"Malgré l'arrivée au pouvoir d'un président de gauche, notre lutte continue", juge l'intersyndicale, jugeant "impératif" d'évoquer avec la nouvelle équipe les possibilités de reprise de la raffinerie actuellement en redressement judiciaire.
Dans le Sud-Est, deux dossiers devraient rapidement retenir l'attention de l'équipe Hollande: celui de l'usine Fralib (groupe Unilever), à Géménos (Bouches-du-Rhône), et celui de la compagnie de transport SNCM.
La SNCM sort d'une semaine de grève début mai et la CGT majoritaire a mis fin au mouvement avec l'assurance d'être reçue par un collaborateur de François Hollande. "On veut des engagements de la part du PS, on ne va pas les lâcher", a déjà promis Yann Pantel, délégué CGT Marins, réclamant l'application des lois sociales françaises par la compagnie privée Corsica Ferries, battant pavillon italien, et qu'elle accuse de "concurrence déloyale".
Le rendez-vous prévu mardi 15 mai a finalement été reporté à une date ultérieure en raison de l'investiture présidentielle.
La centaine de salariés de Fralib (marques Lipton et Elephant) ont eux déjà repris le chemin de l'action depuis vendredi en réoccupant leur usine, que le groupe Unilever a décidé de fermer pour manque de compétitivité. "On a rencontré Hollande cinq fois pendant la campagne et à chaque fois il a pris l'engagement d'être à nos côtés. Il y a urgence maintenant", a déclaré mardi le délégué CGT Olivier Leberquier.
L'espoir de se faire entendre par la nouvelle équipe dirigeante est aussi présent au sein de l'intersyndicale de Technicolor (ex-Thomson), dont le site d'Angers qui fabrique des décodeurs numériques est voué à une fermeture prochaine.
"Dès l'annonce du nouveau gouvernement, nous allons prendre contact avec le Premier ministre et le ministre de l'Industrie", a déclaré lundi à l'AFP Guillaume Trichard, délégué Unsa. Pendant la campagne, Alain Rousset, chargé des questions industrielles dans l'équipe Hollande, avait rencontré l'intersyndicale et émis le souhait de discuter de la stratégie du groupe avec la direction.
De même, pour l'usine General Motors de Strasbourg (1.000 salariés), que le constructeur veut mettre en vente, Alain Rousset a assuré qu'il "sera fait preuve de vigilance et de mobilisation". La liste des dossiers où l'emploi est menacé comprend aussi le site de PSA Peugeot Citroën à Aulnay (Seine-Saint-Denis) ou Goodyear à Amiens-Nord.
Elle pourrait encore s'allonger, après la "pause électorale", par l'annonce redoutée de nouveaux plans sociaux.