Les marchés ont connu une nouvelle journée de déprime vendredi après de mauvais indicateurs aux Etats-Unis, ultime mauvaise nouvelle d'une journée et d'une semaine pourtant déjà riches en la matière.
Les Bourses européennes ont brutalement décroché vendredi après-midi, avant de se ressaisir légèrement pour certaines, pour terminer néanmoins toutes dans le rouge. L'euro a également accusé le coup juste après l'annonce d'une remontée du taux de chômage américain en mai, confirmant la fragilité de la croissance aux Etats-Unis.
A la clôture, la Bourse de Francfort affichait une chute de 3,42%, la Bourse de Paris perdait 2,21% et Londres cédait 1,14%. La Bourse d'Athènes, épicentre de la crise dans la zone euro, a chuté elle de plus de 4%, entraînée par la dégringolade des autres places européennes.
Outre-Atlantique, Wall Street a connu sa pire séance de l'année, avec un plongeon de 2,22% du Dow Jones. L'indice vedette new-yorkais a ainsi effacé tous les gains réalisés en 2012, finissant à un niveau plus vu depuis le 30 décembre.
L'euro a suivi le mouvement, tombant sous la barre des 1,23 dollar, du jamais vu depuis début juillet 2010, avant de se reprendre légèrement, pour s'échanger vers 21H00 GMT à 1,2433 dollar.
Le taux de chômage des Etats-Unis est remonté en mai pour la première fois en un an, pour s'établir à 8,2%, alors que les embauches progressaient à leur rythme le plus faible en douze mois.
Les places européennes avaient déjà toutes pris un mauvais départ vendredi, affectées par une accumulation de mauvaises statistiques en Europe alors que les interrogations sur l'avenir de la zone euro restent toujours aussi vives.
L'activité du secteur manufacturier s'est ainsi fortement contractée en mai dans la zone euro, retombant à son plus faible niveau depuis l'été 2009 et le taux de chômage dans la zone euro a atteint en avril le niveau record de 11%.
A cela s'ajoutent des inquiétudes sur les économies émergentes, Chine en tête, qui commencent à souffrir de la récession en Europe. Idem en Inde où la croissance a sévèrement ralenti au dernier trimestre 2011-12, progressant de 5,3% sur un an, selon des données publiées jeudi, les plus faibles depuis près de dix ans.
Le Brésil n'a pas fait mieux, annonçant vendredi un ralentissement de sa croissance plus important que prévu, avec un maigre 0,2% au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2011.
Dans ce contexte morose, les chiffres du chômage américain sont venus confirmer s'il en est encore besoin, le ralentissement de l'économie mondiale. "Les Etats-Unis sont en train de subir les conséquences de la récession en Europe, tout comme la Chine et les pays émergents", précise Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Mais c'est surtout la crise qui n'en finit de s'aggraver dans la zone euro qui inquiète les investisseurs au plus haut point.
"Le marché attend un électrochoc de la part des responsables politiques et économiques européens, seul moyen de redresser la barre", commente ainsi Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
"Les investisseurs essaient de voir si le risque de récession est en train de s'étendre avec les inquiétudes pour l'Europe, la Chine et de plus en plus les Etats-Unis", ajoute Sam Stovall, stratège de Standard and Poor's.
Dans ce contexte, le marché se réfugiait vers les actifs considérés comme plus sûrs. Jamais les taux des emprunts allemands et français n'ont été aussi bas.
Vers 17H45 (15H45 GMT), le rendement à 10 ans de l'obligation allemande de référence (Bund) reculait à 1,173% contre 1,199% la veille à la clôture. Le taux de l'obligation française de même échéance tombait à 2,254% contre 2,348% la veille. Des records depuis la création de la zone euro.
Dans la foulée, les taux à 10 ans des bons du Trésor américain ont atteint un nouveau plus bas à 1,439% avant de finir à 1,467% contre 1,560% à la clôture jeudi. A l'inverse, les taux à 10 ans espagnols restaient vendredi fermement ancrés au-dessus de la barre des 6%.