Plusieurs signaux récents semblent indiquer un frémissement de l'activité en France, une bonne nouvelle à accueillir cependant avec précaution selon des économistes, qui voient davantage un rattrapage qu'un rebond.
Lundi, l'indice flash composite PMI calculé par le cabinet Markit a montré une économie française renouant avec la croissance après des mois dans la zone de récession. Cet indicateur avancé s'intéresse au jugement des responsables d'entreprises sur leur activité passée et à venir, ainsi qu'à l'état de leurs carnets de commandes, y compris à l'export.
Dans une première estimation pour mars, Markit a établi cet indice à 51,6, soit dans la zone dite d'expansion, un record depuis 31 mois et surtout un passage au-dessus de la barre des 50, qui définit le seuil entre récession et expansion.
Mardi, c'est l'Insee qui a annoncé une bonne nouvelle. Sur l'ensemble des secteurs (industrie, service, bâtiment, commerce), l'indicateur global du climat des affaires, qui traduit également la manière dont les chefs d'entreprises jugent la conjoncture actuelle, progresse d'un point, à 95 en mars, et se rapproche de son niveau moyen depuis 1976 (100).
Dans l'industrie, l’indicateur synthétique est stable, à 100, mais l'indicateur de retournement est en très légère hausse par rapport à février et "se situe désormais dans la zone indiquant une conjoncture favorable", selon l'Insee.
"Il faut toujours prendre les bonnes nouvelles, il n'y en a pas beaucoup, mais il ne faut pas non plus avoir une lecture trop à la lettre de ces indicateurs avancés", a expliqué mardi à l'AFP Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. Pour lui en effet, "ce n'est pas qu'il y a une accélération subite de la croissance ou de l'activité en France, c'est probablement une espèce de rattrapage" après avoir connu des niveaux anormalement faibles, notamment le PMI.
"On est dans une phase, qui a mis du temps à arriver, de normalisation, de convergence entre les enquêtes", ajoute Frédérik Ducrozet, économiste au Crédit agricole qui relève également la "volatilité", l'"incertitude" qui ont pu présider au calcul du PMI ces derniers mois.
"Aujourd'hui, au premier trimestre, toutes les enquêtes sont à leur juste niveau: celui d'une croissance molle, positive, et plutôt d'une reprise qui s'élargit", poursuit l'économiste, voyant dans ces deux enquêtes des "signes de solidité et d'élargissement de la reprise dans tous les secteurs".
- Lente amélioration côté emploi? -
Même son de cloche chez BNP Paribas où l'économiste Hélène Baudchon observe une "amélioration du jugement sur les carnets de commandes, étrangers notamment, et sur les perspectives personnelles de production", même si l'Insee constate dans le même temps une détérioration de l'opinion sur les perspectives générales de production.
Reste qu'il ne faut pas crier victoire trop vite, préviennent les économistes.
Certes la croissance française en 2014, évaluée à 0,6% par le consensus des économistes en septembre dernier s'installe aujourd'hui dans un rythme autour de 1%, validé par le Fonds monétaire international et la Commission européenne, au dessus même de la prévision du gouvernement. "On est légèrement au dessus de la croissance potentielle: ça confirme l'idée d'une phase de retournement", insiste Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques.
Il note néanmoins que ça ne suffira pas à faire baisser le chômage. "Ca ne va pas se faire tout de suite parce que les entreprises et l'économie n'ont pas fini d'absorber les effets de la crise et qu'il reste des sureffectifs", détaille-t-il.
Un peu plus optimiste, M. Ducrozet juge ce niveau d'activité "pas fantastique mais suffisant pour avoir enfin une amélioration de l'emploi cette année". Même s'il reconnaît que celle-ci ne se verra qu'"en différé". "Ca va aller trop lentement, de manière frustrante, ça ne risque pas d'aider le gouvernement dans les mois qui viennent", rappelle-t-il mais "ce qui compte, c'est le changement, pas le niveau des indices et le changement va dans le bon sens".