Ségolène Royal "fait sa rentrée sur le dos de la grande distribution", a protesté jeudi le patron des centres Leclerc, demandant au gouvernement de s'engager plutôt davantage à aider les associations.
La ministre de l’Écologie a convoqué ce jeudi les représentants de la grande distribution pour les contraindre à s'engager davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
"La maitresse d'école convoque la rentrée. (...) Je ne conteste pas à la ministre le droit de faire son cinéma (...) elle n'en est pas à son premier coup médiatique. (...) Mais la grande distribution est déjà assez exemplaire dans sa lutte contre le gaspillage alimentaire", a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur Europe 1.
Selon lui, 98% des centres Leclerc ont déjà mis en place des partenariats avec au moins une association, dont 50% avec trois associations. "Nous donnons déjà 26.000 tonnes" de denrées aux associations, a indiqué M. Leclerc.
Quant à la demande de Ségolène Royal d'interdire la "javellisation" des produits jetés, la ministre "va gagner, puisque ça ne se fait déjà plus chez nous", a-t-il ironisé.
Le distributeur indique avoir le sentiment que la grande distribution est "instrumentalisée complètement" dans cette affaire.
"Mais après, la cause est bonne, donc moi je retourne les choses en disant chiche à la ministre: engagez-vous vraiment" en donnant plus de moyens au collectivités locales pour qu'elles puissent mettre en place le tri dans les cantines ou bien en dotant davantage les associations pour qu'elles puissent avoir plus de bénévoles ou mieux stocker les produits, a réclamé Michel-Edouard Leclerc.
Quant aux dates limites de consommation sur les produits, "c'est nous, grande distribution, qui avons exigé dans les discussions préparatoires à la réunion de cet après-midi, que l’État modifie la réglementation" à ce sujet, a-t-il ajouté.
"Que l’État fasse le job, nous faisons le notre", a conclu Michel-Edouard Leclerc.
Interrogée sur ces critiques, la ministre de l'Écologie a répondu sur France Inter: "ça prouve que je dérange, l'élément positif c'est qu'elles (les enseignes de la grande distribution, ndlr) viennent autour de la table" cet après-midi.
"Chacun défend ses intérêts. Même si elles renâclent, même si elles me critiquent, ce n'est pas grave, l'important c'est qu'elles signent un engagement par lequel elles ne détruiront plus de données consommables" et qu'à la place "elles les donneront aux associations caritatives", a expliqué Ségolène Royal.
Interrogée sur le fait que la grande distribution affirme déjà donner l'équivalent de 120 millions de repas aux associations chaque année, la ministre a répliqué: "je ne vais pas rentrer dans la bataille des chiffres. (...) Ça ne me gêne pas que les distributeurs disent du bien d'eux-mêmes, c'est logique qu'ils s'auto-défendent", a-t-elle déclaré.