Le gouvernement britannique n'a pas vendu ses titres Royal Mail assez cher lors de la privatisation du groupe postal l'an dernier, au détriment du contribuable, a estimé mardi la Cour des comptes britannique (NAO).
Ce jugement de la part du National Audit Office va dans le sens des accusations des syndicats et de l'opposition travailliste qui jugent que l'exécutif de David Cameron a "bradé" Royal Mail dont le cours de Bourse a pris environ 70% depuis son introduction en Bourse en octobre.
Selon le NAO, le gouvernement "a adopté une approche prudente sur de nombreuses questions qui ont globalement abouti à un prix (de vente) des actions substantiellement inférieur au cours auquel elles ont commencé à être échangées" lors de la première séance de cotation.
"Une grande prudence, dont le prix a été supporté par les contribuables", regrette le NAO.
"Au cours du premier jour d'échanges, les actions Royal Mail ont clôturé à 455 pence, 38% de plus que leur prix de vente" de 330 pence, ce qui a représenté "une augmentation de valeur de 750 millions de livres pour les nouveaux actionnaires", rappelle la Cour des comptes britannique.
Et "cinq mois plus tard, les actions valaient 72% de plus que leur prix de vente", a ajouté le NAO.
Le ministre des Entreprises Vince Cable s'était pourtant défendu des accusations de "bradage" de Royal Mail en assurant que le bond du cours de Bourse le premier jour de cotation n'était pas révélateur de son évolution dans les mois à venir.
"Il y a toujours une spéculation énorme après une introduction en Bourse de ce genre" mais "ce qui compte est le niveau où le prix s'installe plus tard" dans "trois mois, six mois, plusieurs années", avait-il estimé à l'époque.
Mardi, il s'est de nouveau défendu en affirmant qu'"obtenir le prix le plus élevé possible à n'importe quel coût et n'importe quel risque n'avait jamais été le but de la vente".
Le NAO a en outre regretté que le gouvernement ait attribué plus d'actions à certains "investisseurs prioritaires" en vue d'en faire un noyau dur d'actionnaires "stables et de long-terme" alors que finalement la moitié des actions qui leur ont été cédées ont été revendues seulement "quelques semaines" après, ce qui a permis à ces investisseurs d'empocher un "bénéfice substantiel".
"Ce rapport est la preuve éclatante que le gouvernement a bradé les bijoux de famille", a lancé Brian Scott du syndicat Unite.