Athènes et ses créanciers tentaient de nouveau lundi d'avancer vers un accord sur la reprise du financement de la Grèce, avant un important remboursement mardi auprès du FMI, mais la réunion de la zone euro ne devrait pas encore permettre de conclure.
L'Eurogroupe "ne sera probablement pas conclusif mais devrait prendre note des progrès importants" réalisés depuis une réunion houleuse à Riga fin avril, a estimé Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques. "C'est une réunion importante: elle va permettre de vérifier les intentions de la partie grecque" et de "rassurer l'Eurogroupe".
Les tractations pour que la Grèce obtienne le versement des 7,2 milliards d'euros, promis par ses créanciers, piétinent depuis fin février.
Une situation qui a poussé les autorités grecques à remanier les équipes de négociation et à nommer comme coordinateur Euclide Tsakalotos, ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des questions économiques et proche du Premier ministre Alexis Tsipras.
"Nous avons un nouvel état d'esprit (...), nous avons maintenant une méthode, peut-être pas idéale mais elle fonctionne", a estimé M. Moscovici.
Mais les tensions sont toujours aussi vives au sein de la zone euro sur les efforts demandés à la Grèce.
"Nous voulons aider la Grèce, mais elle doit faire sa part", a déclaré lundi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui doit rencontrer en aparté son homologue grec, Yanis Varoufakis, avant la réunion. "Si la Grèce estime devoir faire un référendum, qu'elle le fasse! Ce serait peut-être une bonne chose de laisser décider le peuple grec sur ce qu'il est prêt à accepter parmi les mesures nécessaires, ou ce qu'il voudrait changer", a-t-il lancé.
"Ce n'est pas sorcier. Vous faites ce qui doit être fait et alors vous pouvez obtenir ce qui a été promis", a jugé le ministre slovaque, Peter Kazimir, qui n'a pas pour habitude de mâcher ses mots à l'encontre de la Grèce.
La bourse d'Athènes accusait le coup lundi, perdant 2,5% en milieu de journée.
- 'Dans les jours qui viennent' -
Les longues tractations achoppent sur la résistance du gouvernement de gauche radicale à adopter des mesures de rigueur supplémentaires, surtout de nouvelles coupes dans les retraites et les salaires.
Le gouvernement grec s'est dit ces derniers jours prêt "à faire un compromis". M. Varoufakis a indiqué qu'un premier accord avec les créanciers pourrait porter sur des dossiers comme "les privatisations, la limitation du nombre de pré-retraites, de nouvelles règles sur la TVA et la création d'une Autorité indépendante pour la collecte d'impôts". Mais les deux parties restent politiquement éloignées sur les questions de réformes du travail et des retraites.
Dans l'immédiat, Athènes espère obtenir de la zone euro "un communiqué positif" sur les négociations avec ses créanciers et le déblocage d'une partie de 7,2 milliards d'euros de prêts en suspens depuis des mois, une option qu'ont refusée jusqu'ici ses partenaires.
La Grèce aimerait aussi convaincre la Banque centrale européenne (BCE) de relever le plafond d'émissions de bons du Trésor qu'elle peut émettre, ce qui lui donnerait un peu d'air. Cette décision pourrait intervenir dès mercredi, selon les analystes.
Un accord pourrait intervenir "dans les jours qui viennent", s'est voulu confiant M. Varoufakis.
La Grèce doit faire face à une importante échéance mardi avec le remboursement de 750 millions d'euros au Fonds monétaire international (FMI), une étape qu'elle devrait passer sans encombres selon un expert interrogé par l'AFP. Mais le temps presse à mesure que fin juin approche.
A cette date, le deuxième programme d'aide dont bénéficie le pays depuis fin 2012 s'achèvera. Or, Athènes, qui n'a plus reçu un sou de ses créanciers depuis août, ne peut pas tenir sans une nouvelle forme de soutien et risque à tout moment un accident financier.