Le vainqueur de l'?lection pr?sidentielle fran?aise, quel qu'il soit, aura fort ? faire pour rassurer ses partenaires de l'UE et recoller les morceaux apr?s une campagne o? les coups de boutoir contre l'Europe ont abond?.
"La France va devoir payer le prix de la campagne ?lectorale. On n'a pas parl? positivement de l'Europe, on en a parl? n?gativement et cela ne sera pas sans cons?quences apr?s le scrutin", estime Jean-Dominique Giuliani, pr?sident de la Fondation Schuman, un centre de r?flexion sur l'Union europ?enne.
"On a vu le pr?sident Nicolas Sarkozy prof?rer des menaces sur la sortie de la France de Schengen et sur la politique commerciale de l'UE, tandis que le candidat socialiste clame vouloir ren?gocier le trait? budg?taire d?j? sign? par 25 pays. Il va falloir plus que recoller les morceaux", ajoute-t-il.
La campagne ?lectorale cru 2012 en France a surpris ? Bruxelles par la virulence des critiques contre l'Union europ?enne, souvent pr?sent?e comme responsable de tous les maux.
Le chef de l'Etat sortant, Nicolas Sarkozy, a d?nonc? "l'Europe passoire" incapable d'endiguer les flux migratoires ? ses fronti?res et critiqu? sa na?vet? commerciale en pr?nant une forme de protectionnisme pour les entreprises du continent.
M. Sarkozy s'est m?me attir? un rappel ? l'ordre implicite de la part de la Commission europ?enne apr?s avoir tr?s nettement durci son discours pour tenter de s?duire les ?lecteurs de l'extr?me droite: l'ex?cutif europ?en a invit? "les leaders europ?ens ? ne pas c?der ? la tentation des discours populistes" contraires "aux id?aux port?s par la construction europ?enne".
Pas s?r non plus que la chanceli?re allemande Angela Merkel ait appr?ci? d'?tre d'abord courtis?e et pr?sent?e en mod?le par le pr?sident en d?but de campagne, avant d'?tre peu ou prou ?conduite lorsqu'il s'est av?r? que la "carte allemande" n'?tait pas payante ?lectoralement pour Nicolas Sarkozy dans l'opinion fran?aise.
Dans un registre diff?rent, son rival socialiste Fran?ois Hollande aura, lui, ? s'employer ? rassurer l'Europe sur ses intentions.
Certes, il a commenc? ? faire bouger les lignes dans l'UE en r?ussissant ? placer le th?me de la relance de la croissance au centre d'un d?bat domin? jusqu'alors par la rigueur budg?taire.
Mais les divergences sur les moyens d'y parvenir --entre recettes lib?rales et keyn?siennes-- restent profondes. Les gouvernements de droite et de centre-droit, largement majoritaires en Europe, voient en Hollande l'incarnation de politiques d?pensi?res nocives au moment o? la crise de la dette menace toujours la zone euro.
The Economist, l'influent hebdomadaire britannique du monde des affaires, vient de qualifier le favori des sondages en France d'homme "dangereux", adepte de politiques socialistes "vieux jeu". L'imp?trant se contentera-t-il d'une initiative europ?enne de croissance consensuelle compl?tant le pacte de discipline budg?taire exig? par Angela Merkel en mangeant partiellement son chapeau? Ou voudra-t-il vraiment ren?gocier des aspects du texte, voire ouvrir de nouveaux chantiers comme les euro-obligations, au risque d'un affrontement avec Berlin?
"Je crains quelques frictions avec l'Allemagne car Hollande est all? trop loin dans la campagne", estime Jean-Dominique Giuliani. Le candidat et son entourage n'ont, il est vrai, pas m?nag? leurs critiques ? l'?gard de la chanceli?re, r?guli?rement accus?e de vouloir imposer un diktat ? toute l'Europe.
Angela Merkel travaille d?j? de plus en plus ?troitement avec le chef du gouvernement italien Mario Monti, au sujet duquel elle ne tarit pas d'?loges. Au point de faire penser ? la presse italienne que Rome pourrait bient?t se substituer ? Paris dans la relation privil?gi?e de l'Allemagne en Europe.