L'Irlande a confirmé qu'elle devrait sortir à la mi-décembre du plan de sauvetage de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, devenant ainsi le premier pays de la zone euro sous assistance à s'affranchir de l'aide de ses partenaires.
"Je peux confirmer que l'Irlande est en voie de sortir du plan de sauvetage UE-FMI le 15 décembre. Et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré le Premier ministre, Enda Kenny, samedi soir lors de la conférence nationale de son parti Fine Gael (centre).
La sortie du plan d'aide à la fin de l'année était l'objectif affiché du gouvernement Kenny qui avait entamé des discussions avec la troïka (UE-BCE-FMI) de ses bailleurs de fonds en février.
Au bord du gouffre après l'explosion de la bulle immobilière et le sauvetage de ses banques, l'Irlande avait été contrainte fin 2010 d'appeler à la rescousse ses partenaires européens et le FMI au moment où son déficit atteignait 30% du PIB.
L'ancien "tigre celtique" avait alors obtenu un plan de sauvetage de trois ans de 85 milliards d'euros, en échange de la mise en oeuvre d'une austérité draconienne qui lui a permis de redresser ses comptes.
Trois ans plus tard, le pays, constamment présenté par les dirigeants européens comme un modèle à suivre pour les autres pays de la zone euro sous assistance financière (Grèce, Portugal, Chypre), a retrouvé la croissance et l'accès aux marchés financiers.
En février, Dublin avait déjà fait un pas essentiel en parvenant avec la Banque centrale européenne à un accord qualifié d'"historique" par M. Kenny, sur la réduction du fardeau de la dette issue du sauvetage de ses banques.
"Encore des moments difficiles devant nous"
Mais l'Irlande reste encore dans une situation fragile, a toutefois mis en garde M. Kenny, à la tête depuis mars 2011 d'un gouvernement de coalition avec le Labour (gauche). "Cela ne veut pas dire que nos problèmes financiers sont derrière nous. Il y a encore des moments difficiles devant nous. Il y a du chemin à faire. Mais au moins l'ère du sauvetage sera terminée. L'urgence économique est finie".
A l'instar du FMI, le gouvernement irlandais vient en effet d'abaisser drastiquement ses prévisions de croissance, ne tablant plus que sur 0,2% cette année contre 1,3% auparavant, et 1,8% en 2014 contre 2,4%.
Problème central, le chômage reste lui à plus de 13%, même s'il est au plus bas depuis 2010.
La situation est également compliquée sur le plan politique, M. Kenny se retrouvant fragilisé par l'échec surprise le week-end dernier d'un référendum sur l'abolition du sénat.
La confirmation par M. Kenny de la sortie du plan d'aide à la fin de l'année intervient alors que son gouvernement doit dévoiler mardi un nouveau budget d'austérité, le septième consécutif pour le pays.
Un budget qui sera "rigoureux", avec 2,5 milliards d'euros de coupes budgétaires et de hausses d'impôts, a averti M. Kenny, qui a annoncé par ailleurs la présentation d'ici à la fin de l'année d'une stratégie économique à moyen terme, sans donner plus de détails.
Ce budget doit permettre au déficit de reculer à 4,8% du PIB l'année prochaine.
Mais il marque toutefois un léger relâchement de l'austérité, alors que l'effort devait être initialement de 3,1 milliards. Une concession du Fine Gael au Labour, qui insistait sur la nécessité d'une réduction des sacrifices pour la population au moment où il est au plus bas dans les sondages.
La Banque centrale irlandaise avait pourtant demandé au gouvernement de maintenir le cap, faute de quoi il "prenait le risque de revenir sur les effets positifs du considérable effort de consolidation budgétaire de 28 milliards d'euros" effectué jusqu'à présent.
Afin de permettre une sortie en douceur du plan d'aide et éviter toute turbulence sur les marchés, la troïka pourrait attribuer à Dublin une ligne de crédit de précaution.
L'Irlande, dont les besoins de financement sont couverts jusqu'en 2015, "n'a pas besoin de financement en tant que tel mais pourrait avoir besoin d'un instrument de précaution, d'une sorte d'assurance afin de rassurer les marchés", a jugé Alessandro Leipold, chef économiste du groupe de réflexion bruxellois, Lisbon Council.