Des salariés de Sanofi opposés au plan de restructuration en cours, notamment dans la recherche, ont interpellé la direction et les actionnaires vendredi lors de l'assemblée générale du groupe, en réclamant "d'autres choix plus éthiques".
Le directeur général Chris Viehbacher leur a répondu en défendant ses orientations, et en soulignant la nécessité d'"adapter" le modèle de recherche pour le rendre plus efficace.
"Comment assurer l'avenir du groupe sans une recherche forte?", ont demandé les salariés, dans une déclaration de l'intersyndicale CGT, CFDT, Sud, lue en ouverture de l'assemblée, en dénonçant les "restructurations, associées aux rachats d'actions, qui se font aux dépens des investissements en recherche".
Selon les salariés, "entre 2008 et 2012, près de 4.000 emplois en France ont déjà été supprimés, dont 1.300 en recherche".
"En huit ans, le dividende a augmenté de 130%, nos effectifs en France ont chuté de 15%", ont-ils également affirmé, en appelant les actionnaires à "exiger d'autres choix plus éthiques".
L'action a réuni quelque 130 salariés de Sanofi, dont une quarantaine venus de Toulouse et autant de Montpellier, les deux sites de recherche concernés par la plan de restructuration, ainsi que de sites de la région parisienne et de Normandie, a indiqué à l'AFP Thierry Bodin, coordonnateur CGT du groupe.
Pour Yvette Leoni, coordinatrice CFDT, "ce qui est important c'est que les salariés de Toulouse et de Montpellier puissent s'exprimer (...) pour faire bien comprendre au groupe l'attachement qu'ils ont à rester dans Sanofi".
"On casse les activités, on casse les emplois au service de la santé et de l'autre côté, on voit une minorité s'enrichir. Ce n'est pas supportable et on est là pour l'exprimer haut et fort", a déclaré Thierry Bodin.
Face aux critiques, le directeur général Chris Viehbacher a soutenu la réorganisation de la recherche en France, assurant qu'il fallait "absolument adapter (le) modèle" de recherche du groupe pour "trouver des molécules efficaces et qui apportent une vraie valeur".
Il a assuré qu'il n'avait "pas pour objectif de baisser l'engagement dans la recherche et développement en France", en soulignant que la moitié des effectifs de recherche du groupe sont en France.
M. Viehbacher a de nouveau plaidé pour un modèle "d'innovation ouverte", où les chercheurs sont insérés dans des écosystèmes, en citant Paris, Lyon et Strasbourg.
Le projet pour la recherche présenté par la direction a été rejeté par le justice à la mi-mars. Le directeur général a redit qu'il n'avait "pas encore pris de décision" dans l'attente des conclusions de la mission ministérielle sur l'avenir du site de Toulouse.
Mais il y a "déjà un engagement de garder une activité scientifique et technologique sur le site", a déclaré le directeur général.
Les syndicats devraient être reçus le 15 mai au ministère du Redressement productif, a-t-on appris de source syndicale.
Le plan de restructuration France 2012-2015, commencera à prendre effet en 2013 avec 300 à 400 départs volontaires, a précisé la direction.
Après être intervenus lors de la séance des questions de la salle, les manifestants se sont levés et ont chanté la "Sanofienne", leur version de la Marseillaise. Ils ont ensuite quitté la salle avant les votes sans incident.
Les actionnaires ont approuvé le versement d'un dividende de 2,27 euros par action, en hausse de 6%, ainsi que la nomination au conseil d'administration de Fabienne Lecorvaisier, directrice financière du groupe Air Liquide.
Le directeur général de Sanofi Chris Viehbacher a perçu en 2012 une rémunération de 3,522 millions d'euros, dont une part fixe de 1,2 million et une part variable de 2,268 millions, a indiqué le conseil d'administration à l'assemblée générale.