Dix-sept heures de négociations salariales dans l'hôtellerie-restauration ont débouché dans la nuit de lundi à mardi sur un accord fragile, accepté par deux syndicats de salariés et rejeté par trois autres, alors que le patronat a fait des efforts d'union malgré ses divisions.
Le gouvernement avait fixé ce lundi comme date-butoir pour parvenir à un accord sur les salaires en contrepartie de la baisse de la TVA à 5,5% obtenue depuis le 1er juillet, alors que l'autre engagement phare des restaurateurs, sur les baisses de prix, peine à être appliqué.
Cette longue séance a été rythmée par des pauses à répétition, des allers-retours de propositions écrites et des échanges musclés entre représentants de l'Umih, le premier syndicat de restaurateurs en proie à une guerre des chefs.
A l'issue des discussions, les cinq organisations patronales (Umih, Synhorcat, GNC, CPIH, Fagiht), représentant indépendants et chaînes de l'hôtellerie-restauration, aux intérêts parfois divergents, ont signé leur texte. La CFDT et la CFE-CGC attendaient d'en référer à leurs fédérations de rattachement pour le parapher.
Les trois autres syndicats de salariés ont crié à "la trahison" car "on nous a dit des choses, on en a écrit d'autres". Ils se réservent la possibilité d'exercer leur droit d'opposition, comme ils l'ont déjà fait en juillet après un premier accord paraphé par les mêmes CFDT et CFE-CGC.
"On renvoie la balle aux pouvoirs publics" alors que le gouvernement a "fait un chèque en blanc de 3 milliards d'euros à une profession qui n'est pas foutue de négocier", selon Stéphane Fustec (CGT).
Les restaurateurs, s'ils ne craignent pas un retour immédiat de la TVA à 19,6% avec Nicolas Sarkozy qui leur a donné des gages il y a une semaine encore, redoutent d'autres sanctions comme la suppression d'exonérations de cotisations sociales.
Leur image ressort une nouvelle fois écornée par l'absence d'accord unanime. Didier Chenet, président du deuxième syndicat patronal, le Synhorcat, a fait valoir que le total des mesures mises sur la table "représente 1,3 milliard d'euros, charges sociales comprises, soit 60% du coût de la baisse de la TVA" (2,4 milliards d'euros nets).
L'accord comprend une revalorisation moyenne de la grille des salaires de 6%, la garantie que son premier niveau soit supérieur au Smic, le rajout de deux jours fériés supplémentaires, la promotion du tutorat et des certificats de qualification professionnelle, ainsi que la mise en place d'une mutuelle de santé.
La négociation depuis lundi matin a permis d'ajouter au texte une "prime TVA" pour trois ans de 2% du salaire annuel brut par salarié, plafonnée à 400 euros par an et soumise à diverses conditions dont un minimum d'ancienneté. Cette prime n'est pas pérenne et ne s'applique pas aux saisonniers, ce que réclamaient CGT, FO et CFTC.
Christine Pujol, présidente contestée de l'Umih, a salué "un accord global". Ces syndicats "vont devoir se justifier auprès des salariés à qui ils font perdre 400 euros", a souligné André Daguin, qui affirme être président par intérim depuis la semaine dernière.
Le climat de tension à l'Umih n'a pas facilité les négociations, d'après des témoins.
La justice pourrait trancher prochainement leur conflit, Mme Pujol ayant annoncé un recours.