Jamais deux sans trois : les acquisitions des opérateurs hexagonaux SFR et Virgin Mobile à peine bouclées, l'empereur franco-israélien des télécoms Patrick Drahi s'est emparé de Portugal Telecom, racheté par son groupe Altice pour 7,4 milliards d'euros au brésilien Oi.
Après être entré en négociations exclusives avec Altice fin novembre en vue d'une telle opération, Oi a annoncé dans la nuit de lundi à mardi avoir conclu un accord de cession de Portugal Telecom (PT) au groupe de Patrick Drahi.
"A la suite de l'approbation de l'opération, Oi vend à Altice la totalité des actions de PT pour la valeur de 7,4 milliards d'euros", a indiqué Oi à l'organisme de régulation du marché brésilien.
Il a ajouté qu'il recevrait 500 millions d'euros supplémentaires, liés aux revenus futurs de PT.
C'est la troisième acquisition d'envergure réalisée cette année par Altice, et elle est conclue alors que l'encre des chèques déboursés pour les deux premières a tout juste eu le temps de sécher.
Après le rachat de SFR pour 13,36 milliards d'euros, finalisé le 27 novembre et qui a donné naissance au nouvel ensemble Numericable-SFR, la holding de Patrick Drahi a parachevé le 5 décembre le rachat du premier opérateur français sans réseau propre, Virgin Mobile.
Au Portugal, il va pouvoir mener la même stratégie qu'en France, à savoir tirer des synergies en jouant à la fois sur les réseaux classiques et haut débit. Altice est en effet déjà présent au Portugal, où il a racheté en 2012 le câblo-opérateur portugais Cabovisao et en 2013 Oni, société de télécommunications pour les entreprises.
- Surenchère d'Apax et Bain -
Oi a expliqué, qu'avant de finaliser la vente de PT, il procéderait à une réorganisation de ses activités, afin de regrouper les activités de Portugal Telecom qu'il devrait conserver dans son giron. Il s'agit d'Africatel et Timor Telecom, ainsi que des actifs de PT dans Rio Forte Investments, une holding du groupe financier portugais Espirito Santo devenue insolvable.
L'opérateur brésilien a affirmé que cette vente allait lui permettre de "renforcer sa capacité financière", et de consolider sa présence sur son marché national.
Altice a emporté cette nouvelle bataille non sans avoir au préalable été contraint de relever le prix proposé : il avait déposé début novembre une offre ferme de 7,025 milliards d'euros pour racheter Portugal Telecom, avant que les fonds d'investissement Apax et Bain Capital ne surenchérissent à 7,075 milliards d'euros. Puis Oi était entré en négociations exclusives avec Altice sur la base d'une valeur d'entreprise relevée à 7,4 milliards d'euros.
L'Angolaise Isabel dos Santos, la femme la plus riche d'Afrique (et fille du président angolais), avait également déposé une offre, via sa société Terra Peregrin, à hauteur de 1,2 milliard d'euros. Mais celle-ci avait aussitôt été jugée "inopportune" par Oi, qui avait ensuite jugé que ces conditions étaient "inacceptables".
Un représentant de la femme d'affaires avait indiqué jeudi que Mme dos Santos retirerait "probablement" sa proposition de rachat si Oi vendait ses actifs au Portugal, intégrés dans l'opérateur brésilien en mai dans le cadre d'une fusion en cours avec PT SGPS, la maison-mère de Portugal Telecom.
Portugal Telecom, ou PT Portugal, l'opérateur historique portugais, emploie près de 11.000 personnes et détient entre 40% et 50% des parts des marchés de la téléphonie mobile, du haut débit et de la télévision au Portugal.
Le groupe avait été privatisé en plusieurs vagues entre 1995 et 2000. En 2010, il avait noué une alliance stratégique avec Oi, faisant de PT SGPS le premier actionnaire d'Oi, lequel avait intégré ses actifs en mai dernier.
La vente de PT va mettre un terme à l'opération de fusion en cours entre l'opérateur portugais et Oi, qui était censée donner naissance à un géant des télécommunications sur le marché lusophone.