La Banque centrale européenne (BCE), qui a multiplié les initiatives de soutien à l'économie ces derniers mois, est prête à étendre ses rachats d'actifs si nécessaire et "sans délai indu", a déclaré vendredi son président Mario Draghi.
"Nous sommes prêt à recalibrer l'ampleur, le rythme et la composition de nos achats (d'actifs) si nécessaire" et ce "sans délai indu", a déclaré M. Draghi lors d'un congrès bancaire à Francfort.
"A court terme, les indicateurs (mesurant les attentes d'inflation) se sont dégradés à des niveaux que je qualifierais d'excessivement bas", a notamment souligné l'Italien, estimant qu'il est devenu "essentiel pour la BCE d'agir et de continuer à agir pour ramener l'inflation à proximité de 2%".
La hausse des prix en zone euro stagne à un niveau très faible depuis des mois. En octobre, l'inflation a légèrement accéléré à 0,4%, après 0,3% en septembre, mais reste très éloignée de l'objectif "d'un peu moins de 2%" de la BCE.
Il est "essentiel de rapprocher l'inflation (en zone euro, NDLR) de son objectif et ce sans délai" et pour ce faire, la banque centrale utilisera "tous les moyens à sa disposition, dans le cadre de son mandat", a martelé M. Draghi.
Pour autant, "il est également clair que si la politique monétaire agit sur la demande au sein de l'économie, d'autres politiques peuvent participer à ce processus, ou du moins ne pas le freiner", a-t-il ajouté. L'Italien a déjà appelé à de nombreuses reprises ces derniers mois les gouvernements de la zone euro à accélérer le rythme des réformes structurelles.
L'institution monétaire de Francfort a abaissé depuis le mois de septembre son principal taux directeur à 0,05%, son plus bas niveau historique, et a déployé depuis juin un vaste arsenal d'outils, comprenant des achats d'obligations sécurisées et de titres adossés à des actifs (ABS), dont elle attend désormais les premiers résultats.
Les gardiens de l'euro s'attendent à ce que ces mesures fassent enfler son bilan d'environ 1.000 milliards d'euros.
Mais sur fond d'économie à la peine et devant la menace de déflation, la communauté financière et un certain nombre de gouvernements européens appellent avec ferveur de leurs voeux un "quantitative easing" ou "QE", selon l'acronyme américain utilisé pour les rachats d'actifs, qui pourrait viser cette fois des obligations d'entreprises ou des obligations publiques.
Les propos de M. Draghi vendredi, vus comme ouvrant un peu plus la porte à un tel "QE", ont été bien accueillis en Bourse, accélérant la progression du CAC-40 à Paris et du Dax à Francfort.