Les perspectives d'emploi des jeunes et travailleurs peu qualifiés se sont fortement dégradées dans les pays de l'OCDE du fait de la crise économique dont les conséquences sociales pourraient se faire sentir pendant de longues années, observe l'OCDE dans un rapport publié mardi.
Ce rapport sur l'impact social de la crise économique chiffre à 48 millions le nombre de chômeurs dans les 34 pays de l'OCDE, une hausse de 15 millions depuis le début de la crise en 2007.
"Les perspectives d'emploi se sont surtout dégradées pour les jeunes et les travailleurs peu qualifiés, les femmes et les seniors ayant été cette fois moins touchés", a souligné Monika Queisser, chef des affaires sociales de l'OCDE, en présentant le rapport à la presse.
Or "le risque (existe) que les jeunes qui connaissent de longues périodes de chômage, d'inactivité ou de pauvreté ne soient confrontés toute leur vie à des perspectives de gains et d'emploi moindres", relève le rapport.
La baisse des dépenses publiques d'éducation ou de santé (en proportion du PIB) constatées dans la moitié des pays de l'OCDE risque en outre d'engendrer "des conséquences sociales regrettables" à long terme et d'aggraver les inégalités.
Aujourd'hui, alors que la reprise s'amorce, "le maintien et le renforcement de l'aide aux groupes les plus vulnérables doit demeurer au coeur de toute stratégie de redressement économique et social", selon ce rapport.
"Les politiques sociales doivent être conçues pour être efficaces en période favorable comme en période difficile", souligne l'OCDE qui invite les gouvernements à "voir plus loin que la crise récente" pour "élaborer des politiques sociales susceptibles de résister" à "la prochaine crise".
Or "ce n'était pas le cas, en Europe du sud notamment, où "l’aide sociale, pourtant coûteuse, ne parvenait souvent pas à atteindre les pauvres, avant même la grande récession".
"De plus en plus, les dépenses sociales et les investissements devront être mieux ciblés", souligne le rapport. "De même, il faudra apprendre à déployer les systèmes de protection sociale de la manière la plus efficiente, en veillant à ce qu’ils soient adaptés aux évolutions du marché du travail et de la démographie et en évitant, dans toute la mesure du possible, les gaspillages dans les domaines administratifs et bureaucratiques".
L'OCDE estime que "différer les réformes" au motif que la récession s'éloigne serait "une erreur". "Les signes d’une perte de confiance dans les gouvernements depuis la crise doivent être un signal d’alarme qui nous montre avec quelle rapidité le pacte social peut se déliter", souligne l'institution. "Les gouvernements doivent montrer qu’ils sont capables de répondre efficacement aux besoins de la société. Ils doivent aussi faire en sorte que la politique sociale contribue à renforcer la résilience des citoyens face aux crises futures".