Près de deux semaines après l'éclatement du scandale Volkswagen (XETRA:VOWG), la France a lancé jeudi le premier d'une série de tests sur une centaine de véhicules à moteur diesel pour détecter d'éventuelles fraudes à la pollution, en plus du million de véhicules truqués de marque allemande déjà en circulation.
"C'est une grande première mondiale. C'est la première fois qu'un pays, qu'un ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie (...) met en place un système scientifique, de contrôle pour identifier s'il y a des équipements frauduleux sur un véhicule", a déclaré la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, lors d'une visite à l'Autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne) où sont menés les tests.
Une première voiture, une Peugeot 208 blanche, a commencé à être testée jeudi sur la piste d'homologation du laboratoire Utac-Ceram, sous l'oeil de la ministre et des nombreux journalistes présents.
Elle fait partie d'un lot de dix véhicules sélectionnés par une société de location, dont deux Volkswagen frauduleuses, destinés à éprouver la méthodologie élaborée par l'Utac-Ceram en collaboration avec la Direction générale de l'Energie et du Climat.
Le principe des tests sera de tromper un éventuel système de fraude anti-pollution installé sur les véhicules pour lui faire croire que ceux-ci ne se trouvent pas dans un laboratoire d'homologation.
"D'après nos informations, la fraude de Volkswagen est liée à une reconnaissance d'un cycle normalisé, réglementaire pour passer les tests d'homologation", a expliqué Béatrice Lopez, directrice marque Utac.
Dès lors, "il s'agit de tester le véhicule dans des conditions autres que celles qu'il connaît via la réglementation où il a les roues droites, le volant droit et ne fait pas de marche arrière", a-t-elle précisé.
Les essais comprennent notamment un passage sur des bancs à rouleaux, mais avec une procédure modifiée par rapport à la réglementation, un autre sur piste et un prélèvement des gaz d'échappement pour déceler des "gros écarts" par rapport à la norme.
Le constructeur allemand a reconnu la semaine dernière avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde, dont près d'un million en France, d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution et de faire passer ses voitures VW, Audi ou encore Skoda pour plus vertes qu'elles ne le sont vraiment.
- 'Rétablir la confiance' -
Les premiers résultats des tests aléatoires menés en France seront connus dans un mois environ. Si le protocole s'avère concluant, 90 autres véhicules de marques françaises et étrangères, aux normes Euro 4 (2005) à Euro 6 (depuis 2014), seront testés à leur tour.
En phase de croisière, il faudra deux semaines pour contrôler un véhicule. Une investigation approfondie sera effectuée sur le calculateur en cas de suspicion de fraude.
Ces tests aléatoires sont supervisés par une commission indépendante mise en place jeudi et composée de chercheurs indépendants, d'associations de défense des consommateurs ou encore d'organismes gouvernementaux.
Ils avaient été annoncés le 24 septembre à l'issue d'une table ronde avec des représentants des constructeurs automobiles commercialisant des voitures dans l'Hexagone.
"L'objectif est assez simple, mais il est essentiel: c'est que les autorités françaises puissent garantir que les véhicules mis en circulation en France respectent la réglementation en vigueur", a expliqué Ségolène Royal.
"C'est ce qui peut permettre de rétablir la confiance. La confiance des citoyens, la confiance des consommateurs qui achètent un véhicule, la confiance des industriels", a-t-elle ajouté, alors que la répression des fraudes (DGCCRF) a parallèlement lancé sa propre enquête vendredi.
"Ce n'est pas parce qu'un industriel a fraudé - Volkswagen - que tout le monde doit être suspecté", a poursuivi Mme Royal. "Les autres industriels, notamment PSA (PARIS:PEUP), Renault (PARIS:RENA), nous ont garanti qu'il n'y avait aucun équipement de fraude".
Le protocole des tests français est un prélude au nouveau cycle d'homologation en préparation au niveau européen à l'horizon 2017, plus sévère que l'actuelle procédure qui remonte aux années 1970. Il s'agira notamment de reproduire plus fidèlement les conditions réelles de circulation.