La France a signé mardi un accord de coopération pour le développement du nucléaire civil avec l'Afrique du Sud, susceptible d'ouvrir de nouvelles opportunités pour le groupe français Areva au moment où Pretoria prévoit de s'équiper de nouveaux réacteurs.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius et la ministre de l'Energie sud-africaine Tina Joematt Pettersson ont paraphé à Paris cet "accord intergouvernemental relatif à la coopération pour le développement des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire".
"Cet accord cadre ouvre la voie au développement d'une coopération nucléaire civile ambitieuse et de long terme entre nos deux pays, dans le respect des meilleures conditions de sûreté, de sécurité et de non-prolifération" a souligné le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, lors du point presse du ministère.
Il couvre les champs scientifique et technique ainsi que "d'éventuels partenariats industriels futurs", avec "la possibilité de coopérer dans des domaines tels que la production électro-nucléaire, la gestion du combustible usé et la sûreté nucléaire".
"La France et l'Afrique du Sud partagent la même vision de l'usage responsable de l'énergie nucléaire civile, développée notamment dans le cadre de notre expérience conjointe dans la centrale sud-africaine de Koeberg (sud)", a ajouté le porte-parole.
"Notre objectif commun est de permettre à l'Afrique du sud de répondre à ses besoins énergétiques tout en partageant le savoir-faire d'une filière d'excellence française", a-t-il souligné.
L'Afrique du Sud avait indiqué vendredi qu'elle s'apprêtait à signer un tel accord de coopération avec la France, après un récent accord-cadre avec la Russie.
Economie la plus industrialisée d'Afrique, le pays possède avec Koeberg, près du Cap, la seule centrale nucléaire du continent, fournie par les industriels français et en service depuis plus de 25 ans.
Mais la forte croissance des années 2000 a révélé les limites d'une infrastructure sous-dimensionnée dans un pays qui a besoin de plus d'électricité mais manque d'argent pour financer de nouvelles centrales.
-Concurrence russe-
Le projet de Pretoria d'acheter six à huit nouveaux réacteurs (9.600 MW) est dans les cartons depuis les années 2000. Ce marché suscite l'intérêt du russe Rosatom, mais aussi d'Areva.
Le géant français de l'atome s'est empressé de saluer dans l'accord signé mardi la pose d'un "jalon majeur en vue de la construction de nouveaux réacteurs" en Afrique du Sud. "Areva est prêt à soutenir ces projets, notamment à travers sa technologie de réacteur de troisième génération EPR", a-t-il ajouté.
Ce réacteur est déjà en construction en Chine, mais aussi en France et en Finlande, où les chantiers ont subi d'importants retards et dépassements budgétaires.
L'EPR a également été sélectionné par le groupe français EDF dans le cadre du projet de construction d'une centrale nucléaire à Hinkley Point, au Royaume Uni, qui vient d'obtenir le feu vert de la Commission de Bruxelles.
"Areva est un partenaire important de l'industrie nucléaire sud-africaine depuis la construction de la centrale nucléaire de Koeberg", près du Cap, dans les années 1970, a rappelé le groupe français.
"A l'issue de ce projet, le groupe est resté un acteur de premier plan en Afrique du Sud, notamment à travers la fourniture de composants et services nucléaires".
En septembre, Areva avait annoncé la signature d'un contrat d'environ 300 millions d'euros avec la compagnie publique d'électricité sud-africaine Eskom pour remplacer les générateurs de vapeur de la centrale de Koeberg.
Le groupe Areva, actuellement en difficulté, s'était fixé pour objectif de vendre 10 EPR à l'horizon 2016, mais son patron Luc Oursel avait indiqué en août que le groupe n'était pas "à quelques années près".
La signature de l'accord coïncide avec l'ouverture au Bourget, près de Paris, du premier salon mondial de la filière nucléaire, auquel le ministère sud-africain de l'Energie doit participer, mais aussi avec le vote à l'Assemblée nationale sur le texte du projet de loi sur la transition énergétique.