La Grèce a déclenché lundi la procédure pour rembourser 750 millions d'euros au FMI, qu'elle devait effectuer mardi, alors que ses partenaires de la zone euro tentaient de nouveau d'avancer vers un accord sur la reprise du financement du pays.
L'ordre de paiement a été donné à l'agence de la dette grecque, a-t-on appris lundi auprès du ministère grec des Finances.
A court d'argent en raison de longues tractations avec ses créanciers, UE et FMI, sur la poursuite de l'aide internationale au pays, le gouvernement grec a assuré à plusieurs reprises qu'il continuerait "d'honorer ses obligations à la fois à l'étranger et à l'intérieur".
Cette annonce est survenue alors qu'Athènes et ses créanciers tentaient de nouveau lundi d'avancer vers un accord sur le déblocage des 7,2 milliards d'euros de prêts, suspendu depuis des mois. Les tractations piétinent depuis fin février.
Le prochain remboursement important de la Grèce interviendra le 5 juin, avec un dû de 302,5 millions d'euros au FMI, ce qui laisse encore quelques semaines pour trouver un accord.
La réunion de lundi "devrait prendre note des progrès importants" réalisés, a estimé Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques. "C'est une réunion importante: elle va permettre de vérifier les intentions de la partie grecque" et de "rassurer l'Eurogroupe", a-t-il ajouté.
Cette situation a poussé les autorités grecques à remanier les équipes de négociation et à nommer comme coordinateur Euclide Tsakalotos, ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des questions économiques et proche du Premier ministre Alexis Tsipras.
"Nous avons un nouvel état d'esprit (...), nous avons maintenant une méthode, peut-être pas idéale mais elle fonctionne", a estimé M. Moscovici.
Mais les tensions sont toujours aussi vives au sein de la zone euro sur les efforts demandés à la Grèce et la perspective d'un référendum n'effraie plus les membres de la zone euro les plus remontés contre Athènes.
"Si la Grèce estime devoir faire un référendum, qu'elle le fasse! Ce serait peut-être une bonne chose de laisser décider le peuple grec sur ce qu'il est prêt à accepter parmi les mesures nécessaires, ou ce qu'il voudrait changer", a lancé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait affirmé fin avril que si les créanciers poussaient son gouvernement vers un accord en contradiction avec ses promesses électorales, la question serait tranchée par référendum.
Selon un sondage publié dimanche, 71,9% des Grecs souhaitent un compromis pour maintenir le pays dans la zone euro. Et si la question était soumise à référendum, 49,2% d'entre eux accepteraient de nouvelles coupes dans les salaires et les retraites si cela permettait au pays de rester dans l'euro.
- Un geste de la BCE -
"Nous voulons aider la Grèce, mais elle doit faire sa part", a insisté M. Schäuble, avant de rencontrer en aparté son homologue grec, Yanis Varoufakis. La rencontre a duré 30 à 40 minutes, selon une source européenne, sans plus d'informations sur la teneur des échanges.
Les longues tractations entre Athènes et ses créanciers achoppent sur la résistance du gouvernement de gauche radicale à adopter des mesures de rigueur supplémentaires, surtout de nouvelles coupes dans les retraites et les salaires.
Le gouvernement grec s'est déclaré néanmoins ces derniers jours prêt "à un compromis". M. Varoufakis a indiqué qu'un premier accord avec les créanciers pourrait porter sur des dossiers comme "les privatisations, la limitation du nombre de pré-retraites, de nouvelles règles sur la TVA et la création d'une Autorité indépendante pour la collecte d'impôts". Mais les deux parties restent politiquement éloignées sur les questions de réformes du travail et des retraites.
Dans l'immédiat, Athènes espère obtenir de la zone euro "un communiqué positif" sur les négociations avec ses créanciers et aimerait aussi convaincre la Banque centrale européenne (BCE) de relever le plafond d'émissions de bons du Trésor qu'elle peut émettre, ce qui lui donnerait un peu d'air.