EDF a assigné en justice Veolia Environnement pour obtenir le droit de grimper de 34 à 50% du capital de leur entreprise commune Dalkia France, ouvrant un nouveau front des tensions entre le PDG du géant de l'électricité Henri Proglio et son homologue chez Veolia, Antoine Frérot.
Veolia Environnement compte "s'opposer fermement à la demande d'EDF qu'elle considère comme sans fondement valable", a-t-elle annoncé vendredi dans un communiqué révélant cette action judiciaire.
Le leader mondial de l'eau souligne que lors de l'entrée d'EDF au capital de Dalkia (spécialiste des services de l'énergie) en 2000, le géant public de l'électricité disposait d'une option d'achat pour grimper à 50% dans Dalkia France qu'il n'a pas exercée à la date butoir du 30 septembre 2005.
EDF réclame néanmoins l'application de l'accord et a confirmé vendredi dans un communiqué avoir saisi le Tribunal de Commerce de Paris le 22 octobre "pour obtenir l'exécution des accords de 2000 et la parité de contrôle et de gestion de Dalkia".
Derrière cette nouvelle bataille apparaît une nouvelle fois le conflit entre Henri Proglio et Antoine Frérot, son ex-lieutenant qui l'a remplacé à la tête de Veolia lors de son départ à EDF en 2009.
En effet, les deux hommes étaient proches d'un accord fin 2011 pour permettre à EDF de prendre 50% de la partie française de Dalkia, dont la structure de capital est complexe. "Nous aurons in fine une structure d'actionnariat simplifiée, avec le contrôle managérial par Veolia", avait même expliqué M. Frérot à l'époque.
Mais les discussions se sont brutalement arrêtées en février lorsque M. Proglio a tenté de faire débarquer M. Frérot avec l'appui d'administrateurs, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
L'annonce mi-octobre du départ de M. Proglio du conseil d'administration de l'ex-Générale des Eaux (et ex-Vivendi Environnement) avait laissé entrevoir une résolution pacifique du dossier Dalkia, mais ce scénario apparaît aujourd'hui compromis.
structure complexe du capital
Née en 1998, Dalkia est spécialisée dans les réseaux de chauffage et de climatisation collectifs (32% du chiffre d'affaires), ainsi que dans la gestion de la consommation énergétique des bâtiments (hôpitaux, bureaux, immeubles d'habitation...) et des usines (35% et 14% respectivement).
En quelques années, l'entreprise est devenue un géant: 8,3 milliards de chiffre d'affaires l'an passé, dont 4,8 milliards à l'international, selon la communication financière de Veolia. La rentabilité de ce que certains considèrent comme "une pépite" s'est néanmoins nettement dégradée l'an dernier.
Alors qu'elle avait dégagé un bénéfice net supérieur à 200 millions d'euros en 2009 et 2010, Dalkia a basculé dans le rouge en 2011, principalement à cause de dépréciations d'actifs, notamment en Italie.
Si elles permettaient à Veolia de lever des fonds alors que le groupe est en difficulté, les discussions entre EDF et Veolia l'an dernier visaient surtout à simplifier la structure du capital de Dalkia, particulièrement complexe.
Lorsqu'EDF est entré au capital en 2000, le géant public n'était alors pas encore une société anonyme et avait dû se contenter pour des raisons de concurrence de 34% dans Dalkia France, tout en prenant la moitié des activités à l'international.
Le montage financier réel est encore plus compliqué: Veolia détient 66% et EDF 34% de Dalkia Holding. Celle-ci détient 100% de Dalkia France et 75% de Dalkia International, EDF détenant directement les 25% restants. Un de ses principaux concurrents de Dalkia est la branche Services à l'énergie de GDF Suez, qui comprend notamment Cofely en France.