par Silvio Cascione
BRASILIA (Reuters) - L'économie brésilienne est sortie péniblement d'une brève récession, affichant une croissance de 0,1% au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, montrent les statistiques officielles publiées vendredi.
La croissance du trimestre juillet-septembre est toutefois inférieure aux attentes puisque la médiane des estimations de 36 économistes interrogés par Reuters la donnait à 0,3%.
Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) avait diminué de 0,6% après une baisse de 0,2% sur janvier-mars, faisant entrer la première économie d'Amérique latine dans la récession.
La récession se définit par deux trimestres consécutifs de contraction.
"Techniquement, oui, nous sommes sortis de récession. Mais en réalité, il s'agit de stagnation", a déclaré José Francisco de Lima Goncalves, chef économiste chez Banco Fator.
La croissance du troisième trimestre a été tirée principalement par une forte augmentation de 1,3% des dépenses publiques. Ce coup de pouce devrait prendre fin avec la réélection à la présidence du Brésil de Dilma Rousseff, qui cherche à restaurer la confiance des marchés et à éviter une dégradation de la note du pays.
"Le Brésil se traîne, au lieu de sortir franchement de la récession", a commenté Neil Shearing, économiste chargé des marchés émergents chez Capital Economics, à Londres.
L'économie du Brésil a déçu depuis 2011, avec une croissance plus de deux fois plus faible que sa moyenne annuelle de la décennie précédente. La demande mondiale de matières premières a baissé, l'inflation est restée résolument élevée et le sentiment des investisseurs s'est dégradé en raison des interventions répétées, souvent imprévisibles, de l'Etat dans le secteur privé.
L'EXCÉDENT BUDGÉTAIRE PRIMAIRE INQUIÈTE
Le Brésil a affiché un excédent budgétaire primaire de 3,729 milliards de reais (1,16 milliard d'euros) en octobre, montrent les données de la banque centrale du pays, mettant fin à une série de cinq déficits mensuels consécutifs.
Les analystes interrogés par Reuters l'attendaient à 3,5 milliards de reais. Mais cet excédent budgétaire primaire est à son niveau le plus faible pour un mois d'octobre, ravivant les craintes que le pays n'accuse son premier déficit annuel en moins de deux décennies.
Le PIB de juillet-septembre affiche un recul de 0,2% par rapport au troisième trimestre 2013, contre -0,1% attendu.
Les dépenses de consommation, qui représentent près de deux tiers du PIB de la septième économie mondiale, n'ont pas progressé pour le troisième trimestre consécutif, reculant de 0,3% de juillet à septembre par rapport au trimestre précédent.
L'investissement en revanche a progressé, affichant sa première hausse en plus d'un an. Mais l'augmentation modeste de 1,3% n'a pas été assez forte pour compenser le net recul des trois mois précédents.
Les économistes se montrent pessimistes sur les perspectives pour les années à venir. Outre les coupes budgétaires et les hausses d'impôts envisagées par le nouveau gouvernement de Dilma Rousseff, les marchés s'attendent à ce que de grands projets d'infrastructures soient ralentis ou revus en baisse en raison notamment d'une enquête pour corruption sur la société pétrolière publique Petroleo Brasileiro.
Une croissance économique soutenue est essentielle pour maîtriser la dette publique brésilienne. Bien que la dette nette soit actuellement inférieure à 40% du PIB, ses taux d'intérêt de 11,25% sont parmi les plus élevés au monde.
(avec Rodrigo Viga Gaier et Felipe Pontes; Marc Angrand et Claude Chendjou pour le service français)