par Jean-Baptiste Vey
PARIS (Reuters) - Le climat des affaires a atteint son plus haut niveau depuis quatre ans en France au mois d'août, mais cette confiance est assombrie par une forte baisse des prévisions d'investissements et risque de ne pas résister aux turbulences en Chine.
L'Insee a annoncé jeudi que la confiance des chefs d'entreprise avait de nouveau progressé d'un point, à 100, retrouvant sa moyenne de long terme et atteignant son plus haut niveau depuis août 2011 grâce à l'industrie et aux services.
Dans l'industrie manufacturière, l'indicateur a augmenté d'un point, à 103, après une hausse de deux points en juillet, alors que les économistes l'attendaient en moyenne en baisse d'un point. C'est son plus haut niveau depuis juillet 2011.
Dans les services, l'indicateur a progressé de deux points, à 99, son plus haut niveau depuis août 2011, après une hausse de deux points en juillet. L'indicateur a légèrement progressé dans le bâtiment, tout en restant à un niveau bas, et il a légèrement baissé dans le commerce de détail.
L'indicateur de retournement pour l'ensemble de l'économie est dans la zone indiquant une situation conjoncturelle favorable, souligne l'Insee.
"Les enquêtes (...) témoignent d'une poursuite de la reprise : le climat des affaires est au plus haut depuis quatre ans et la reprise se diffuse dans l'économie", s'est réjoui Le ministre des Finances, Michel Sapin.
"Ceci reflète bien le fait que la stabilité de l'activité au deuxième trimestre a été clairement temporaire", a-t-il ajouté. "Ces enquêtes confortent notre prévision de croissance de 1% en 2015, avec des créations d'emploi qui redémarrent progressivement."
Tullia Bucco, économiste chez UniCredit, estime elle aussi que ces indicateurs montrent que la stagnation de l'économie au deuxième trimestre n'est que le résultat de la volatilité "dans une tendance à l'amélioration de l'activité économique".
RISQUES LIÉS À LA CHINE ET À L'INVESTISSEMENT
L'interprétation positive de ces chiffres doit être nuancée, souligne cependant Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas (PARIS:BNPP) CIB.
"Les données d'août ne prennent pas en compte la dégringolade récente des marchés asiatiques et septembre devrait être plus faible", explique-t-il.
L'exécutif dit observer avec vigilance les soubresauts économiques et financiers en Chine. Il estime que leur impact sur la France devrait pour l'instant être limité : "pas au-delà de quelques dixièmes de point sur le PIB à ce stade", a dit le Premier ministre, Manuel Valls, au quotidien Les Echos.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, a mis en garde mercredi le gouvernement sur les effets qu'aurait pour la France un ralentissement de croissance mondiale causé par la Chine.
"Si le bateau France n'est pas réparé correctement, on risque de rentrer dans une autre tempête qui risque d'être très grave pour le pays", a-t-il dit.
Autre raison d'être prudent, l'annonce de l'amélioration du climat des affaires par l'Insee s'est accompagnée de celle d'une forte révision en baisse des prévisions d'investissements des industriels en juillet par rapport à leurs prévisions d'avril.
Ces derniers ne prévoient plus qu'une hausse de 2% de leurs investissements cette année contre +7% en avril, avec un écroulement de la prévision dans la fabrication de matériels de transports (+4% contre +14%), en particulier l'automobile (+2% contre +15%).
(Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet)