BERLIN (Reuters) - Le gouvernement allemand a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année et l'an prochain, à 1,2% et 1,3% respectivement, contre 1,8% et 2,0% jusqu'à présent, a annoncé mardi le ministère de l'Economie, arguant de l'impact des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient et du ralentissement des marchés à l'exportation.
Le ministre Sigmar Gabriel a toutefois assuré qu'il n'y avait aucune raison de croire que l'Allemagne soit en récession.
Après avoir démarré l'année sur les chapeaux de roue avec une croissance de 0,7% au premier trimestre, l'économie allemande a subi une brusque contraction du PIB de 0,2% sur avril-juin. Et aujourd'hui, après une série d'indicateurs inférieurs aux attentes, certains économistes redoutent une entrée en récession avec une nouvelle contraction au troisième trimestre.
Berlin prévoit de fait que les exportations, l'un des principaux moteurs de la première économie d'Europe, augmenteront de 3,4% cette année et de 4,1% en 2015, tandis que les importations devraient progresser de 4,0% et 5,5% respectivement. Le commerce extérieur amputerait ainsi de 0,1 point la croissance 2014 et de 0,3 point celle de 2015.
"L'économie allemande évolue dans des eaux étrangères difficiles. Les crises géopolitiques ont aussi accru l'incertitude en Allemagne et une croissance modérée pèse sur l'économie allemande", a dit Sigmar Gabriel, tout en soulignant que la dynamique intérieure restait intacte.
"Je ne vois aucun argument qui permette de dire que l'Allemagne est en récession ou que nous devions renoncer à nos objectifs en matière de dette", a-t-il ajouté, faisant référence à la volonté du gouvernement de dégager un budget équilibré l'an prochain, sans nouveaux emprunts.
L'OBJECTIF D'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE RÉAFFIRMÉ
"Davantage de dette en Allemagne ne créerait pas de croissance en Italie, en France, en Espagne ou en Grèce", a encore dit Sigmar Gabriel, estimant que l'objectif d'un budget équilibré en 2015 restait compatible avec les nouvelles prévisions de croissance.
Les prévisions d'augmentation de la demande intérieure ont été réduites à 1,4% pour 2014 et 1,7% pour 2015 contre 1,9% et 2,1% prévus en avril.
Les mauvaises performances économiques de la zone euro en général et de l'Allemagne en particulier sont l'un des éléments qui plombent les marchés boursiers depuis plusieurs jours.
S'ajoutant à d'autres indicateurs économiques médiocres parus récemment outre-Rhin, l'indice ZEW mesurant le moral des investisseurs et analystes allemands est tombé ce mois-ci en territoire négatif pour la première fois en deux ans.
La situation apparaît à ce point préoccupante que les ministres de l'Economie français Emmanuel Macron et allemand Sigmar Gabriel ont commandé à deux économistes un rapport sur la manière dont Paris et Berlin peuvent contribuer par des initiatives communes mais aussi des réformes structurelles à une croissance plus forte en Europe.
(Michelle Martin, avec Stephen Brown et Alexandra Hudson, Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)